Fiche du document numéro 27466

Num
27466
Date
Vendredi 27 novembre 2020
Amj
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Fichier
Taille
251706
Pages
2
Surtitre
 
Titre
Hommage public à Bernard Debré dans le XVIIème arrondissement de Paris
Soustitre
 
Tres
 
Page
 
Mot-clé
Cote
 
Résumé
Letter of protest against the decision, voted unanimously by the municipal council of the XVIIth arrondissement of the city of Paris, to baptize "a street or a Parisian square" with the name of Bernard Debré.
Source
Extrait de
 
Commentaire
 
Type
Lettre
Langue
FR
Declassification
 
Citation
Association Ibuka France, Mémoire, Justice, et Soutien aux rescapés, Association de loi 1901
42, rue du Moulin de la Pointe
75013 Paris
e-mail : contact@ibuka-france.org
Ibuka France
Communauté rwandaise de France
Collectif des parties civiles pour le Rwanda
Collectif VAN
SOS Racisme
Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme
Survie
Union des Etudiants Juifs de France
Mairie du XVIIème arrondissement
6-20, rue des Batignolles
75017 Paris
A l’attention de Monsieur Geoffroy Boulard,
Maire du XVIIème arrondissement de Paris
Paris, le 27 novembre 2020
Lettre recommandée avec accusé de réception
Objet : hommage public à Bernard Debré dans le XVIIème arrondissement de Paris
Monsieur le Maire,
Lors de la séance du conseil municipal du XVIIème arrondissement, tenue le 2 novembre 2020, les élues
ont voté à l’unanimité le projet de baptiser « une voie ou une place parisienne » du nom de Bernard
Debré. Vous avez, à cette occasion, salué son engagement politique parisien et national ainsi que sa
carrière dans le domaine médical en France et dans le monde.
Toutefois, comment oublier dans cet éloge que les écrits signés par Bernard Debré au sujet du
génocide commis contre les Tutsi au Rwanda en 1994 seraient aujourd’hui passibles d’être poursuivis
en justice pour négationnisme ? Et qu’ils vont contre la volonté manifestée par le Président Macron en
2019 de transmettre la mémoire du génocide contre les Tutsi ?
En 1998, Bernard Debré faisait paraître Le Retour du Mwami : la véritable histoire des génocides
rwandais, apportant crédit aux thèses défendues par les falsificateurs de l’Histoire, dès l’époque du
génocide. Il sacrifiait dans ces pages à l’idée d’un projet hégémonique « tutsi » qui expliquerait à la fois
le génocide commis en 1994 ainsi que la déstabilisation de l’Afrique centrale dans les années
suivantes.
Association Ibuka France, Mémoire, Justice, et Soutien aux rescapés, Association de loi 1901
A cette lecture ethniste caricaturale, s’ajoutait la minoration du génocide commis contre les Tutsi par la défense de la thèse fallacieuse du « double génocide », suggérée par le sous-titre de l’ouvrage ou affirmée par la phrase suivante : « le nettoyage ethnique organisé par les Tutsi se révèle aussi brutal et organisé que le génocide perpétré par les Hutu ». Il qualifiait par ailleurs les Tutsi de « nazis avant l’heure ».
Engagés pour la défense de la mémoire et de l’histoire des victimes et des rescapé-es du génocide contre les Tutsi au Rwanda, nous ne saurions fermer les yeux sur l’apport de Bernard Debré au dévoiement d’une histoire aussi douloureuse.
Non, il n’y a pas eu « des génocides rwandais » mais bien un seul, dont les victimes désignées étaient les Tutsi.
Non, ce génocide n’est pas le fruit d’un complot ourdi par des Tutsi pour s’emparer du pouvoir au prix des vies de leurs proches. C’est bien le résultat d’un processus politique engagé depuis 1959 par un pouvoir Hutu extrémiste, revendiquant une suprématie au nom du « peuple majoritaire » hutu, responsable de l’instauration d’un régime de discrimination systématique des Tutsi.
Non, dénaturer un génocide, fût-il commis en terre africaine, n’est pas un acte anodin, fût-il assumé par un médecin de renom et un ancien ministre de la République française.
Plus de vingt-six ans après les faits, en dépit des travaux historiques accumulés qui permettent une compréhension claire de l’enchaînement des évènements, ainsi que des enjeux politiques et éthiques liés à ce crime contre l’humanité, nous constatons avec regret que les manipulations opérées au sujet de l’histoire du génocide commis contre les Tutsi au Rwanda en 1994 n’empêchent pas un hommage public à leur auteur.
La seule mesure appropriée pour réparer cette offense à la mémoire des victimes et stopper ce qui ressemble très fort à une désinformation du public est qu’aucune rue de Paris ne soit ainsi dénommée.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de notre considération distinguée.
Les signataires,
Pour Ibuka France : Etienne Nsanzimana, Président
Pour la Communauté rwandaise de France : Angélique Ingabire, Présidente
Pour le Collectif des parties civiles pour le Rwanda : Alain Gauthier, Président
Pour le Collectif VAN : Séta Papazian, Présidente
Pour SOS Racisme : Dominique Sopo, Président
Pour la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme : Mario Stasi, Président
Pour Survie : Fabrice Tarrit, Président
Pour l’Union des Étudiants Juifs de France : Noémie Madar, Présidente
Copie à :
Madame Anne Hidalgo
Maire de Paris
Hôtel de Ville
Place de l’Hôtel de Ville
75196 Paris cedex 04
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