Fiche du document numéro 26901

Num
26901
Date
Jeudi 14 juillet 1994
Amj
Fichier
Taille
106878
Pages
2
Sur titre
Rwanda. Ayant évalué à un million le nombre des victimes
Titre
Le CICR appelle à une aide internationale massive
Sous titre
 
Tres
 
Page
 
Nom cité
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Cote
 
Résumé
Since the fighting has almost ceased, the ICRC has been able to check the indications given to it and to analyze the data to confirm that the figure of 500,000 dead "had exploded". For the head of the ICRC delegation Philippe Gaillard, who has just returned from Kigali, massive aid from the international community and intense action by NGOs are needed.
Source
Extrait de
 
Commentaire
 
Type
Article de journal
Langue
FR
Declassification
 
Citation
Personne n’a été étonné, au siège du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Genève, par l’estimation faite par le chef de la délégation au Rwanda du nombre de victimes dans ce pays après trois mois de massacres et de combats : un million de morts (le Monde du 13 juillet). Philippe Gaillard, qui vient de rentrer de Kigali, avait précisé aux spécialistes du continent africain au CICR que, dès le commencement des massacres, dans les premières semaines d’avril, on avait déjà déploré 100 000 morts, qu’il n’y avait pas une colline qui n’ait été embrasée par la fièvre meurtrière, et qu’après deux mois, compte tenu des fosses communes trouvées, on évaluait déjà à 500 000 le nombre des morts.
Depuis que les combats ont presque cessé, le CICR a pu contrôler les indications qui lui avaient été fournies et se livrer à des analyses de données pour affirmer que le chiffre de 500 000 morts " avait explosé ". Anton Burgener, responsable de l’Afrique au service de presse du CICR, nous a affirmé qu’aucun élément ne permettait de mettre en doute les conclusions de Philippe Gaillard. Ce dernier a d’ailleurs déclaré textuellement à la télévision suisse romande : " Je pense qu’il y a au bas mot un million de morts. Quand j’ai prononcé le chiffre de 500 000 morts il y a deux mois, le général Dallaire [commandant les troupes de l’ONU à Kigali] m’avait dit que j’exagérais et m’avait traité de fou. Depuis, ici, il n’est plus fou de dire qu’il y a eu en tout cas un million de morts. "
On est d’autant plus pessimiste au CICR que le volcan Nyaragonro, qui était resté calme depuis 1977, vient de se réveiller. Il s’agit du volcan le plus dangereux d’Afrique, dont la lave très liquide peut progresser à la vitesse de 40 kilomètres à l’heure. La ville de Gisenyi, à proximité de la frontière zaïroise, et celle de Goma, au Zaïre, seraient menacées.
Le CICR est dramatiquement conscient de ne pouvoir venir en aide à lui seul à toute la population en détresse. Il maintient cependant au Rwanda et dans les pays limitrophes 108 délégués expatriés, secondés par des centaines de collaborateurs recrutés sur place, dont 400 Rwandais, pour moitié Hutus, pour moitié Tutsis. Et il a besoin de 74 millions de dollars pour son plan d’action d’urgence au Rwanda, " pays détruit, pays qui s’est suicidé ", comme nous l’a dit Philippe Gaillard en ajoutant : " Pour qu’il revive, il lui faut de nouvelles recettes de vie. " En attendant, il faut une aide massive de la communauté internationale et une action
intense des Organisations non gouvernementales (ONG). D’autant que les meurtres n’ont pas pris fin. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), de nouveaux cadavres flottent sur le fleuve Kagera, à la frontière tanzanienne.
Retour du HCR
Le HCR, qui avait quitté le Rwanda dès que les massacres s’étaient généralisés, comme les autres organes de l’ONU, vient de revenir à l’intérieur du pays. Il doit lui aussi assumer une tâche gigantesque. Son équipe a souhaité se rendre à Kigali par avion, mais n’a pu obtenir du Front patriotique rwandais (FPR) l’autorisation nécessaire. Ce n’est certes pas à lui que revient la responsabilité d’assister les " personnes déplacées " – plus de deux millions – au Rwanda même. Mais il a procédé, à la demande des officiers de l’opération " Turquoise ", à des missions d’évaluation dans le pays. Et il lui incombe d’aider et de protéger les 53 000 réfugiés du Burundi demeurés au Rwanda, et les réfugiés rwandais, bien plus nombreux, qui ont cherché asile hors des frontières de leur pays.
Selon Silvana Foa, un des porte-parole du HCR, plus de 350 000 Rwandais sont massés à l’ouest de Butaré et cherchent à atteindre la frontière burundaise. Environ 2 000 autres, souffrant d’épuisement et de malnutrition, passent chaque jour en Tanzanie. A Benaco, principal camp de réfugiés de ce pays, 371 personnes sont mortes en dix jours.
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