Fiche du document numéro 2559

Num
2559
Date
Mercredi 18 mai 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
817880
Pages
1
Titre
L'évaluation difficile d'un massacre
Sous titre
Le chaos rend les estimations impossibles, mais les observateurs parlent de centaines de milliers de morts. Près de 2 millions de personnes auraient été déplacées.
Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Les déclarations sur le nombre de victimes au Rwanda sont chaque jour
plus inflationnistes et contradictoires. On a parlé de 100 000, puis
de 200 000 et encore de 500 000 décès. Ce dernier chiffre aurait été
annoncé, sous couvert d'anonymat, par un membre de la Mission des
Nations-Unies au Rwanda (Minuar). En fait, selon les organisations
humanitaires, il est quasiment impossible de chiffrer précisément le
nombre de victimes. Le Comité international de la Croix-Rouge évalue
aujourd'hui le nombre de morts à plus de 200 000. Mais, précise le
CICR, ce n'est qu'une estimation fondée sur les rapports des hôpitaux
et les observations de ses représentants, car on ne peut enquêter sur
l'intégralité du territoire. En effet, indique Brigitte Maitre
(responsable de la mission Médecins du monde au Rwanda), si on arrive
à peu près à savoir ce qui se passe dans la zone contrôlée par le FPR
et sur la ligne de front, on obtient très peu d'informations sur la
zone ouest, contrôlée par les Forces armées rwandaises. Selon Médecins
sans frontières, le chiffre de 200 000 «semble correspondre à
l'étendue du massacre». Car cette «guerre» fait davantage de morts
que de blessés.

Divers paramètres sont utilisés pour estimer le nombre de morts: la
proportion de Tutsis ( 15 \%) sur la population totale (7,5 millions),
l'observation des rivières (la rivière Akagera, qui emporte
quotidiennement environ 1 500 cadavres, se jette dans le lac Victoria,
en Tanzanie, où s'entassent 25 000 cadavres), ou en confrontant le
chiffre de la population de villages avant et après le début des
massacres. Une comparaison qui ne prend pas en compte la population en
fuite. Pourtant, les Nations-Unies (qui ne diffusent aucun bilan des
victimes) ont estimé à 250 000 le nombre des personnes déplacées dans
le Nord, 65 000 dans l'Est, 1 200 000 dans le Sud et le Sud-Ouest. 300 000 se seraient réfugiées dans les pays voisins.
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