Fiche du document numéro 25446

Num
25446
Date
Vendredi 8 novembre 2019
Amj
Auteur
Fichier
Taille
224223
Pages
2
Urlorg
Titre
Rwanda, non-lieu validé pour le père Wenceslas Munyeshyaka
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Langue
FR
Citation
La Cour de cassation de Paris a validé l’ordonnance de non-lieu prononcée en
faveur d’un prêtre rwandais soupçonné de crime de génocide, que La Croix a pu
consulter. Cet arrêt met un terme définitif à la procédure judiciaire lancée par
le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et la FIDH au nom de
rescapés de la Sainte Famille où exerçait le père au printemps 1994.


Après avoir été prêtre dans le diocèse de Viviers en Ardèche, il est depuis 2001, prêtre dans la paroisse de Gisors (Eure). Ici en 2006./ ROBERT FRANCOIS/AFP


Qui est le père Wenceslas Munyeshyaka?



Il était le premier Rwandais résidant en France contre qui, dès 1995, une
plainte avait été déposée pour sa participation présumée au génocide perpétré
contre les Tutsi du Rwanda. De père hutu et de mère tutsi, il a été le vicaire
de la paroisse de la Sainte-Famille à Kigali où s’étaient réfugiés des milliers
de déplacés tutsi et hutu au printemps 1994. Il a été accusé par des rescapés
d’être proche des génocidaires, d’avoir commis des viols sur des réfugiées,
livré des tutsis aux tueurs et pris part à des exécutions. Pendant cette
période, le vicaire était armé d’un pistolet et portait un gilet par balles.

Un prêtre rwandais accusé de génocide



Le père Wenceslas Munyeshyaka a trouvé refuge en France en septembre 1994 grâce
à l’action conjointe des Pères blancs et de Mgr David, alors évêque de La
Rochelle et président du comité épiscopal pour la solidarité. Dans un entretien
donné à La Croix en 1995, le père François Richard, le provincial des Pères
blancs expliquait que c’est l’administrateur apostolique de Kigali qui les avait
sollicités pour le faire venir dans l’hexagone car sa vie était menacée. « Il
faut aider ce prêtre qui a beaucoup fait pour sauver autant des Tutsi que des
Hutu. Il se trouvait entre les deux groupes et s’est fait des ennemis dans les
deux camps
 », lui ont confirmé ses confrères, de retour du Rwanda.

Après avoir été prêtre dans le diocèse de Viviers en Ardèche, le père
Munyeshyaka est, depuis 2001, prêtre dans la paroisse de Gisors (Eure). Il a
toujours été soutenu par ses évêques et par des paroissiens de Gisors qui voient
en lui un bon pasteur.

Que répond-il à ces accusations?



S’il a toujours réfuté ces accusations, expliquant au contraire avoir tout fait
pour sauver des vies et éviter que les deux communautés s’entretuent à la
Sainte-Famille, il a admis cependant avoir porté ce gilet par balles et un
pistolet 9 mm « pour se protéger ». « C’était dissuasif », comme il le confiait
à La Croix en 1995. Dans le même entretien, il expliquait que « les rapports qui
l’accusent ne sont pas crédibles car les témoignages recueillis sur place
subissent la pression du pouvoir FPR ».


Réfugié à Goma, il est l’un des prêtres signataires d’une lettre à Jean-Paul II
dans laquelle le génocide des Tutsi est nié et les Hutu présentés comme les
principales victimes des massacres. « Parce que je ne pouvais pas accepter que
l’on diabolise les Hutu
 », expliquait-il à La Croix en 1995.

Quel est le verdict de la justice française?



Le 15 octobre 2015, les juges du pôle génocide du tribunal de grande instance
(TGI) de Paris ont prononcé une ordonnance de non-lieu en sa faveur. Pourquoi?
Ils ont établi l’ambiguïté du comportement du père Munyeshyaka à la
Sainte-Famille sans la possibilité de découvrir un acte substantiel pour le
déférer devant la Cour d’assises. En quoi était-il ambigu? « Il célébrait la
messe avec son pistolet à la ceinture, il usait d’un vocabulaire très
désagréable à l’encontre des Tutsi et avec les Interahamwe, il apparaissait trop
complaisant
 », explique maître Gilles Paruelle, l’avocat de deux plaignants. Sur
la question des viols, les juges ont cru une plaignante. Ils n’ont pas douté de
sa sincérité mais devant une cour de justice, le trop grand nombre de
contradictions relevées dans son témoignage l’aurait rendu irrecevable, explique
un proche du dossier.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024