Fiche du document numéro 24961

Num
24961
Date
Mercredi 13 octobre 2010
Amj
Auteur
Fichier
Taille
408939
Pages
11
Titre
La responsabilité de la France dans les guerres au Congo ex-Zaïre
Lieu cité
RDC
Lieu cité
Mot-clé
Type
Langue
FR
Citation
La responsabilité de la France dans les guerres au
Congo ex-Zaïre
Jacques Morel
13 octobre 2010, v1.2
L’une des origines des guerres qui ensanglantent le Congo ex-Zaïre depuis
1996 – peut-être sa principale cause – est la non arrestation par les militaires
français des auteurs du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, lors de l’opération Turquoise et le soutien que la France n’a cessé d’accorder à ces criminels.
À cette occasion, elle a rétabli le dictateur zaïrois Mobutu, qui, totalement discrédité par ses crimes, n’osait plus apparaître à Kinshasa et avait été mis au
ban de la communauté internationale. La France a défendu le criminel Mobutu
jusqu’au bout.
Faisant silence sur ces compromissions d’un membre permanent du Conseil
de sécurité, un rapport du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies 1 accuse les forces de l’AFDL/APR, 2 et en particulier l’armée rwandaise, d’avoir procédé au « massacre systématique des Hutus qui restaient au
Zaïre » à partir de 1996, donc d’avoir commis un génocide. 3

Une accusation qui accrédite la thèse du double
génocide
Il est indiscutable que l’AFDL soutenue par des éléments de l’armée rwandaise (APR) a lancé en 1996 une offensive militaire qui a vidé les camps de
réfugiés rwandais en novembre 1996, puis est allé jusqu’à Kinshasa et a renversé
le régime du dictateur Mobutu le 28 mai 1997.
L’armée rwandaise a pu commettre des crimes de guerre au Congo ex-Zaïre.
Il faudrait le prouver par une enquête impartiale. Mais elle ne peut être accusée
de génocide contre des Hutu. En effet, c’est son offensive militaire qui a permis
1. Rapport du Projet Mapping concernant les violations les plus graves des droits de
l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur
le territoire de la République démocratique du Congo, publié le 1er octobre 2010. http:
//www.ohchr.org/EN/Countries/AfricaRegion/Pages/RDCProjetMapping.aspx
2. AFDL : Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo dirigée par
Laurent-Désiré Kabila. APR : Armée patriotique rwandaise, commandée par Paul Kagame.
L’APR est le bras armé du Front patriotique rwandais (FPR).
3. Ibidem, p. 287.

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de rapatrier la majorité des Rwandais hutu retenus en otage par les forces génocidaires qui contrôlaient ces camps, sous le patronage du Haut-Commissariat
aux réfugiés de l’ONU (HCR). Le rapport Mapping estime que ce fait ne permet
pas « en soi d’écarter totalement l’intention de certaines personnes de détruire
en partie un groupe ethnique comme tel ». 4
Les précédents génocides ont nécessité d’être planifié par un État. Ils n’ont
pas été pensé seulement par quelques individus. Aucune preuve en ce sens n’est
apportée par le rapport Mapping. Si l’État rwandais avait eu, en 1996 et après,
l’intention d’exterminer le groupe ethnique hutu, il n’avait pas besoin d’aller
chercher des Hutu au Congo puisqu’ils étaient sur place au Rwanda. La vérité
est que des éléments de l’armée rwandaise, dans une opération combinée avec des
rebelles congolais, ont poursuivi non pas des Hutu mais les auteurs du génocide
des Tutsi. Ils étaient en droit de le faire puisque l’ONU s’y est refusée pendant
trois ans, consacrant au contraire l’essentiel de ses efforts à entretenir ces criminels dans des camps. Que dans cette opération de destruction de l’appareil
des ex-FAR 5 et Interahamwe, des militaires rwandais aient commis des actes
répréhensibles est possible. Mais il faut tenir compte de la tactique des boucliers
humains dont les génocidaires ont usé et abusé. Il faut se souvenir qu’en 1994 au
Rwanda, même des femmes et des enfants dépouillaient les cadavres des Tutsi,
et que des jeunes n’ayant pas participé au génocide ont été emmenés en otage au
Zaïre et y ont reçu une formation militaire donnée par les ex-FAR. Le fait que
des Rwandais revenus du Zaïre ont été jugés et pour beaucoup libérés (la peine
de mort n’a été appliquée au Rwanda qu’à 22 génocidaires), démontre l’inanité
de l’accusation de génocide des Hutu. Il y a même actuellement dans l’armée
rwandaise des ex-FAR qui ont combattu contre le Rwanda au Congo, comme le
général Paul Rwarakabije.
Ce rapport tend à assimiler ce qui s’est passé au Rwanda en 1994 avec
des crimes commis au Zaïre, dont la nature et l’ampleur restent largement à
caractériser et dont l’état actuel des connaissances ne permet en rien d’affirmer
qu’ils relèvent d’un plan similaire à celui qui a conduit à l’extermination d’un
million de Tutsi. Alors que ce rapport Mapping mette ces faits, fût-ce de manière
implicite, sur le même plan que le génocide des Tutsi, qui, lui, procède d’un
véritable plan d’extermination dans lequel a trempé la France, est d’autant plus
abject qu’il ne cite le génocide des Tutsi que de manière anecdotique.
Condamner sur des bases aussi fragiles et partiales les responsables de l’armée rwandaise qui a mis fin au génocide des Tutsi tandis que la plus totale
impunité reste de mise pour les dirigeants français qui, eux, ont soutenu, armé
et encouragé les auteurs de ce génocide avant de se refuser à les arrêter quand ils
en avaient l’occasion et le devoir, montre à quel point la machine onusienne est
corrompue par les privilèges des membres permanents du Conseil de sécurité.
Cette accusation contre le Rwanda semble montée dans le but politique
d’accréditer la thèse du double génocide, selon laquelle au Rwanda, les Hutu
auraient tué les Tutsi et les Tutsi, les Hutu. Elle vise à justifier les mensonges
4. Rapport Mapping Section 518 page 287.
5. FAR : Forces armées rwandaises, l’ancienne armée rwandaise qui a participé au génocide.

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des auteurs de ce génocide des Tutsi du Rwanda qui faisaient croire par leur
propagande que ces derniers voulaient perpétrer le génocide des Hutu, c’est
pourquoi il fallait « tuer pour ne pas être tué ».
Elle vise à justifier ceux qui ont toujours soutenu les auteurs du génocide
des Tutsi, comme la France et des organisations catholiques. 6
Ce rapport Mapping se livre à un escamotage délibéré des événements de
1994 au Rwanda, à l’origine des guerres et massacres qui ont ensanglanté le
Zaïre, devenu République démocratique du Congo (RDC).
Les Nations Unies qui disposaient d’une mission de Casques bleus au Rwanda,
la MINUAR, 7 était informée de la préparation du génocide des Tutsi du Rwanda 8
et l’a laissé faire. Elle a admis que le gouvernement qui organisait ce génocide
siège sans discontinuer au Conseil de sécurité.
Seule l’APR s’est opposée aux assassins et a mis un terme au génocide en les
mettant en déroute. Le Front patriotique rwandais est la seule organisation à
avoir respecté la Convention de l’ONU contre le génocide, celui-ci étant apparu
évident dès le 8 avril 1994. 9

La France a réduit la Convention contre le génocide à un chiffon de papier
Le génocide des Tutsi a été reconnu officiellement le 28 juin 1994 par le
rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’homme de l’ONU, M. René
Degni-Ségui. 10
À ce moment-là, la France, signataire de la Convention pour la prévention et
la répression du crime de génocide et disposant de troupes sur place au Rwanda
avec un mandat des Nations Unies, sous chapitre VII de la Charte, se devait
6. Des publications récentes le confirme : Linda Melvern, Complicités de génocide. Comment le monde a trahi le Rwanda, Karthala, 2010 ; Association Survie, La complicité de la
France dans le génocide des Tutsi au Rwanda, L’Harmattan, 2010 ; Jacques Morel, La France
au cœur du génocide des Tutsi, L’Esprit frappeur, 2010 ; Jean-François Dupaquier, L’agenda
du génocide. Le témoignage de Richard Mugenzi, ex-espion rwandais, Karthala, 2010.
7. MINUAR : Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda, créée le 5 octobre
1993 par la résolution 872 du Conseil de sécurité.
8. Le général Dallaire, commandant des Casques bleus de la MINUAR, informe le 11 janvier
1994 qu’il a mis à jour une organisation de 1 700 hommes répartis en 40 groupes sur Kigali
capables de tuer 1 000 Tutsi en 20 minutes. Ses supérieurs lui interdisent de la démanteler.
http://www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB53/rw011194.pdf.
9. Dans l’ordre d’opération Amaryllis, rédigé le 8 avril, l’état-major de l’armée française, en évoquant « l’élimination des Tutsi », reconnaît implicitement que le génocide des
Tutsi est en cours : « Les membres de la garde présidentielle ont mené dès le 07 matin
des actions de représailles dans la ville de Kigali : - attaque du bataillon FPR, - arrestation et élimination des opposants et des Tutsi ». Cf. Ordre d’opération Amaryllis, 8 avril
1994, déclassifié, Enquête sur la tragédie rwandaise 1990-1994 [3, Tome II, Annexes, p. 344].
http://francegenocidetutsi.org/OrdreOpAmaryllis.pdf
10. René Degni-Ségui, 1er rapport du 28 juin 1994, ONU A/49/508, S/1994/1157, Commission des Droits de l’homme de l’ONU, E/CN.4/1995/7. Rendu public le 28 juin 1994,
ce rapport n’est transmis pas le secrétaire général des Nations Unies que le 13 octobre.
http://francegenocidetutsi.org/94s1157.pdf .

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d’arrêter les présumés coupables. Elle les connaissait. Elle n’en a rien fait. 11
Dans un télégramme diplomatique daté du 15 juillet 1994, l’ambassadeur
Yannick Gérard, représentant de la France auprès du Gouvernement intérimaire
rwandais, estimait que : « dans la mesure où nous savons que les autorités [de
ce Gouvernement intérimaire] portent une lourde responsabilité dans le génocide, nous n’avons pas d’autre choix, quelles que soient les difficultés, que de
les arrêter ou de les mettre immédiatement en résidence surveillée en attendant
que les instances judiciaires internationales compétentes se prononcent sur leur
cas ». 12
Ce point de vue paraît officiel, car l’agence Reuters annonce, dans une dépêche du même jour, que, selon une « source autorisée à Paris », « les membres
du Gouvernement intérimaire rwandais [...] seront mis aux arrêts s’ils tombent
aux mains des soldats français dans la zone humanitaire protégée par l’Opération Turquoise ». La même source ajoute : « S’ils viennent à nous et que nous
en sommes informés, nous les internerons ».
Mais une copie de cette dépêche retrouvée dans les archives de l’Institut
François Mitterrand porte cette note manuscrite d’Hubert Védrine, alors secrétaire général de l’Élysée : « Lecture du Président [François Mitterrand] Ce
n’est pas ce qui a été dit chez le Premier Ministre [Edouard Balladur] ». 13 Une
réunion a donc bien eu lieu au sommet de l’État pour décider de l’attitude à
adopter. Et ses effets ont pu être constatés sur le terrain : les responsables du
génocide qui arrivent à Cyangugu dans la zone Turquoise ne sont pas arrêtés
par les légionnaires français qui les aident au contraire à passer au Zaïre le
17 juillet 1994. Le mensuel de la Légion, Képi blanc, précise : « L’état-major
tactique (EMT) provoque et organise l’évacuation du gouvernement de transition ruandais vers le Zaïre. Le 17 juillet, le gouvernement ruandais passe au
Zaïre. » 14 En réalité, les membres du Gouvernement intérimaire n’ont quitté la
zone humanitaire que le 18 juillet comme le reconnaît le Premier ministre Jean
Kambanda : « Je suis entré au Zaïre en hélicoptère accompagné du ministre
Bizimana et d’un pilote le 18 avril... le 18 juillet 1994. Je séjournais à Cyangugu depuis le 16 avec les mêmes personnes, ayant couché la première nuit à
l’évêché, la deuxième nuit à l’hôtel de l’État, Ituze [phonétique]. Il ne restait que
quelques personnes du gouvernement à Cyangugu et nous gênions la Turquoise
par notre présence. Les personnes suivantes étaient à Cyangugu : le ministre de
la Défense Bizimana, le président Sindikubwabo, le directeur de cabinet du président de la République, Daniel Mbanbura [phonétique], le ministre de la Justice,
Agnès Ntamabyaliro, le chef du protocole du Président, le major Désiré Mageza
11. D’ailleurs, informée du début du génocide dès le 8 avril 1994, la France aurait dû dès
cette date se conformer à la Convention, avertir l’ONU et donner pour mission à ses soldats
débarqués le 9 avril de faire cesser les massacres en coopération avec la MINUAR et les forces
belges. Elle n’en a rien fait.
12. TD Kigali, 15 juillet 1994, Enquête sur la tragédie rwandaise 1990-1994 [3, Tome II,
Annexes, p. 419]. http://francegenocidetutsi.org/Gerard15juillet1994.pdf
13. Dépêche
Reuters
du
15
juillet
1994.
http://francegenocidetutsi.org/
Reuter15juillet1994.pdf
14. Képi blanc, No 549, octobre 1994, page 6 du cahier spécial « Ruanda » de 8 pages.
http://francegenocidetutsi.org/KepiBlanc549p6.pdf

5

[phonétique], le ministre de la Famille et de la promotion féminine, Pauline
Nyiramasuhuko, et moi-même. De ce groupe, le Président se déplaçait avec sa
famille en hélicoptère ainsi que le ministre de la Défense Bizimana et moi dans
un autre appareil ». 15
Le 21 août 1994, un « Point de vue » d’Alison Des Forges, militante humanitaire états-unienne, spécialiste du Rwanda, est publié sous le titre « La France
se doit d’arrêter les responsables du génocide » dans le journal Le Monde, juste
avant le terme de l’opération Turquoise. Elle rappelle qu’en juillet, la France
a permis à « M. Jean Kambanda, premier ministre et à d’autres ministres du
gouvernement responsable du génocide, de passer plusieurs jours dans la zone
humanitaire sûre », que les militaires de l’armée rwandaise repliés au Zaïre bénéficiaient de l’aide française, que des autorités rwandaises « sur lesquelles pèsent
des présomptions graves » sont restées en place dans la zone Turquoise. Elle
rappelle que « la France, un des Etats qui ont rédigé, signé et ratifié la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, s’est engagée
moralement et juridiquement à punir les auteurs de tout génocide, une obligation reconnue récemment par le nouveau code pénal entré en vigueur en mars
1994 ». Elle demande que les « nombreuses personnes ayant exercé l’autorité au
nom d’un gouvernement coupable », soient arrêtées par les soldats français qui
les côtoient tous les jours. Elle conclut : « La Convention pour la prévention et
la répression du génocide restera lettre morte si la violation de cette Convention
n’est pas sanctionnée. Le génocide rwandais est à ce point flagrant que le refus de
la France d’arrêter les auteurs présumés signifierait une négation pure et simple
de sa ratification. Par contre, si la France arrête les autorités responsables elle
aura affirmé son soutien à la Convention et servira de modèle aux autres États
qui pourraient trouver des personnes soupçonnées sur leur territoire ». 16
Quand ils ont eu besoin d’intervenir militairement au Rwanda pour secourir
leurs amis en difficulté sous couvert d’un mandat de l’ONU, les dirigeants français ont parlé du devoir d’arrêter les responsables de « ces génocides ». 17 Une
fois ce mandat obtenu, il n’en a plus été question. 18 Après la publication du
rapport de René Degni-Ségui, plusieurs membres du Conseil de sécurité, dont
la France, réussirent le 1er juillet 1994 à différer la reconnaissance du génocide
en demandant au Secrétaire général de l’ONU, M. Boutros Boutros-Ghali, de
nommer « d’urgence » une commission d’experts. 19 Cette résolution reprenait
15. Pierre Duclos, Marcel Desaulnier, Interrogatoire de Jean Kambanda - Cassette # 76,
TPIR, 22 mai 1998. http://francegenocidetutsi.org/Kambanda76Fre.pdf
16. Alison Des Forges, La France se doit d’arrêter les responsables du génocide, Le Monde,
21 août 1994, p. 4. http://francegenocidetutsi.org/DesforgesLeMonde21aout1994.pdf
17. Ainsi Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères déclarait-il : « La France, seul
pays occidental représenté au niveau ministériel à la session extraordinaire de la Commission des Droits de l’homme à Genève, exige que les responsables de ces génocides
soient jugés. ». On notera l’usage du pluriel pour génocide. Cf. Alain Juppé, « Point de
vue », Intervenir au Rwanda, Libération, 16 juin 1994. http://francegenocidetutsi.org/
JuppeIntervenirAuRwandaLibe16juin1994.pdf
18. Il s’agit de la résolution 929 du Conseil de sécurité autorisant la France à intervenir au
Rwanda sous chapitre VII. http://francegenocidetutsi.org/94s929fr.pdf
19. Résolution 935 du Conseil de sécurité, 1er juillet 1994. http://francegenocidetutsi.
org/94s935-fr.pdf

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un projet Ce dernier ne les nomma que le 1er août. Ils rendirent des conclusions
le 4 octobre, qui ne faisaient que confirmer ce qu’avait déjà écrit Degni-Ségui
trois mois auparavant. Mais à cette date, le génocide était consommé, faisant
environ un million de morts. Les assassins étaient à l’abri au Zaïre et les troupes
françaises reparties.
Il est donc manifeste que la reconnaissance du génocide des Tutsi par le
Conseil de sécurité a été volontairement retardée par l’action de la diplomatie
française et la complaisance du secrétaire général, Boutros Boutros-Ghali, qui
devait son élection à la France et à ses pions africains. 20
Le texte de la Convention pour la prévention et la répression du crime de
génocide ne précise pas qu’une instance internationale doit se prononcer sur la
question de savoir s’il y a génocide. Il laisse aux signataires la responsabilité
d’en juger. Il apparaît ici que la qualification de génocide des Tutsi faite le 28
juin 1994 par M. René Degni-Ségui, rapporteur spécial de la Commission des
Droits de l’homme de l’ONU, avait toute sa valeur, le rapport de la commission
d’experts du 4 octobre suivant n’a d’ailleurs fait que le confirmer. Les signataires
de la Convention devaient donc s’y conformer à partir du 28 juin, s’ils ne l’avaient
pas fait avant.
N’arrêtant pas les présumés coupables de génocide comme l’y oblige l’article
VI de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, la
France a établi une jurisprudence qui vide totalement de sa substance le texte
de cette Convention. C’est en abusant de l’autorité que lui donne le statut de
membre permanent du Conseil de sécurité que la France s’est crue autorisée à
réduire à un chiffon de papier un des textes fondateurs des Nations Unies.

En soutenant les génocidaires rwandais au Zaïre,
la France y a exporté la guerre
Les forces françaises qui contrôlaient les points de passage vers les deux villes
du Zaïre, Goma et Bukavu, ont laissé passer l’armée rwandaise, impliquée dans
le génocide, avec toutes ses armes lourdes. « Ces éléments des ex-FAR ont été
détectés franchissant la frontière entre le Rwanda et le Zaïre, en ayant conservé
une partie de leurs matériels, comme leurs canons montés sur des véhicules à
roues, des automitrailleuses légères Panhard et jusqu’à quelques hélicoptères du
temps où la France livrait des armes à Kigali en vertu des accords d’assistance
militaire. Là où ils stationnent, ces éléments n’ont pas été désarmés par les
Zaïrois ». 21
L’ancienne armée rwandaise (ex-FAR) va pouvoir se réorganiser, se rééquiper
et s’approvisionner en armes grâce à l’aide française comme l’établissent deux
rapports. 22
20. Les États-Unis ont également tout fait pour retarder la reconnaissance du génocide.
21. Jacques Isnard, Les ex-Forces armées se prépareraient à reprendre le combat
au Rwanda, Le Monde, 25 juillet 1994, pp. 1, 4. http://francegenocidetutsi.org/
ExFarReprendreCombatLM25juillet1994.pdf
22. Human Rights Watch Rwanda/Zaire, Rearming with Impunity - International Sup-

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L’ancienne administration rwandaise responsable du génocide prend le contrôle
de ces camps organisés par le HCR et ravitaillés par le Programme alimentaire
mondial (PAM). Les tueurs y font régner la terreur pour empêcher ceux qui
voulaient rentrer au Rwanda de le faire.
Au mois de novembre 1994, l’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) cesse toutes ses opérations dans les camps de réfugiés rwandais de
Bukavu, dans l’est du Zaïre, afin de « protester » contre les conditions déplorables de sécurité. « La situation s’est détériorée d’une manière telle qu’il est
devenu impossible éthiquement de continuer à aider les auteurs du génocide et
à être indirectement leur complice », a affirmé MSF. 23
Jamais le Conseil de sécurité ne prit la décision de former une force de
police internationale pour neutraliser l’administration rwandaise, les ex-FAR,
les milices responsables du génocide dans les camps du HCR.

Les camps du Zaïre servent à attaquer le Rwanda
Les ex-FAR et Interahamwe ont attaqué le Rwanda à partir de ces camps
établis près de la frontière. À plusieurs reprises, le gouvernement rwandais a
demandé que l’ONU intervienne pour faire cesser l’impunité dont jouissait ces
criminels dans les camps. Le 27 février 1995, le représentant du Rwanda au
Conseil de sécurité, M. Bakuramutsa, déclare que « si les auteurs de ces crimes
[de génocide au Rwanda] ne sont pas arrêtés, leurs actions risquent d’embraser
la sous-région ». Il rappelle que « ces criminels rwandais et autres sont en train
de s’entraîner dans les pays de la sous-région, avec l’aide et l’appui de pays
amis, pour attaquer le Rwanda ». 24
En août 1995, le secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, signale les attaques dirigées contre le Rwanda depuis les camps du Zaïre : « Les
informations signalant des actes d’infiltration et de sabotage par des éléments
armés ainsi que les allégations selon lesquelles des membres des anciennes forces
gouvernementales et milices dispensent un entraînement militaire et reçoivent
des livraisons d’armements ont fortement exacerbé les tensions dans les zones
frontalières ». 25
port for the Perpetrators of the Rwandan Genocide, Vol. 7, No 4, May 1995. http://www.
hrw.org/reports/1995/Rwanda1.htm. Rapport final de commission internationale d’enquête
chargée de recueillir des renseignements et d’enquêter sur les informations faisant état de
la vente ou de la fourniture d’armes et de matériel connexe aux anciennes forces gouvernementales rwandaises dans la région des Grands Lacs, en violation des résolutions 918 (1994),
997 (1995) et 1011 (1995) du Conseil de sécurité, 18 novembre 1998. ONU, S/1998/1096.
http://francegenocidetutsi.org/98s1096.pdf Le gouvernement français n’a pas répondu
aux questions de la commission relatives à l’implication d’organismes français dans la fourniture d’armes aux ex-FAR.
23. Alain Frilet, Les ONG demandent la protection de l’ONU, Libération, 16 novembre 1994.
http://francegenocidetutsi.org/OngDemandentProtectionOnuLibe16novembre1994.pdf
24. ONU, S/PV.3504, 27 février 1995, page 4. http://francegenocidetutsi.org/
spv3504-1995.pdf
25. Rapport intérimaire du secrétaire général sur la MINUAR, ONU, S/1995/678, 8 août
1995, section 14. http://francegenocidetutsi.org/sg-1995-678.pdf

8

De 1995 à 1998, les attaques d’ex-FAR infiltrés au Rwanda n’ont pas cessé à
partir des camps, en particulier Mugunga près de Gisenyi et Kamanyola près de
Bukavu. En 1995, elles visent des survivants tutsi au voisinage du lac Kivu, de
Cyangugu à Gisenyi, ou au bord de la rivière Rusizi. En 1997-1998, des attaques
massives contre des camps de réfugiés tutsi congolais, contre des bus, des écoles,
font des centaines de morts dans le nord-ouest du Rwanda et visent à déstabiliser
le pays. Le retour des réfugiés du Zaïre et la destruction des bases militaires des
ex-FAR provoque paradoxalement une recrudescence des attaques à l’intérieur
du Rwanda. La population eut à souffrir des combats entre l’APR et les ex-FAR
infiltrés. Peu connue, sauf quand des Européens en étaient victimes, cette guerre
cachée menée contre le Rwanda est documentée par African Rights. 26
Particulièrement symbolique est l’attaque de l’école secondaire de Nyange
(Kivumu, préfecture de Kibuye). C’était à Nyange que le curé Athanase Seromba
avait fait détruire son église au bulldozer pour écraser ses paroissiens tutsi sous
les décombres, le 15 avril 1994. Le 18 mars 1997, alors qu’il fait nuit, l’école
est attaquée par une vingtaine d’hommes armés venus du Zaïre. Ils ordonnent
aux élèves de se répartir en Hutu d’un côté, Tutsi de l’autre. Tous refusent en
disant, « nous sommes Rwandais ». Les assaillants tuèrent alors six élèves et un
gardien et en blessèrent une vingtaine d’autres. Amnesty international prétendit
dans le rapport Ending the silence que les attaquants étaient des soldats de
l’APR. 27 African Rights vérifia auprès des survivants que ces assertions étaient
totalement fausses et que l’attaque provenait des « Forces de résistance pour la
démocratie », le parti d’opposition basé à Bruxelles de l’ancien Premier ministre
Faustin Twagiramungu. 28
Malheureusement ces attaques se sont reproduites, comme le 19 janvier 1998
où un bus de travailleurs de la brasserie Bralirwa est attaqué à Gisenyi par une
milice hutu faisant 36 morts et 27 blessés. 29

Des tueurs serbes pour sauver Mobutu
Si l’APR entre au Zaïre en septembre-octobre 1996, après s’être allié à des
opposants à Mobutu groupés dans l’AFDL, c’est d’abord pour mettre fin aux
attaques terroristes des ex-FAR et miliciens Interahamwe contre le Rwanda
depuis le territoire zaïrois.
Le soutien français aux ex-FAR et à Mobutu ne s’est pas démenti lors de
l’offensive de l’AFDL/APR. Bill Clinton ayant refusé de participer au projet de
26. African Rights, Rwanda. La preuve assassinée. Meurtres, attaques, arrestations
et intimidation de survivants et témoins, 1996 http://francegenocidetutsi.org/
PreuveAssassineeAR.pdf ; John Yusufu Munyakazi - Un génocidaire devenu réfugié, 1997
http://francegenocidetutsi.org/JohnYusufMunyakaziGenocidaireDevenuRefugie.pdf
;
Rwanda : The Insurgency in the Northwest, 1998.
27. Amnesty International,Rwanda - Ending the Silence, September 25, 1997, p. 18. http:
//francegenocidetutsi.org/RwandaLaFinDunSilenceAmnesty25septembre1997.pdf#page=21
28. African Rights [1, pp. 369-379].
29. Heineken au Rwanda : brasser de la bière pour des génocidaires, Médiapart, 29 août
2018. http://francegenocidetutsi.org/HeinekenEtGenocide.pdf

9

force internationale humanitaire, Charles Pasqua, Jacques Foccart et son collaborateur Fernand Wibaux vont chercher des mercenaires bosno-serbes, qui se
sont illustrés notamment dans le massacre de Srebrenica, pour les envoyer au
Zaïre avec des Mig-21 et des hélicoptères russes au secours du maréchal Mobutu. 30 Les services du Serbe Jugoslav Petrusic alias Dominik Yugo, proche des
services français, sont sollicités. 31 Ils seront engagés dans la défense de Kisangani avec au moins 6 000 ex-Far et Interahamwe. Peu de temps après, en juin
1997 à Brazzaville, la France permet au putschiste Sassou Ngesso de prendre le
pouvoir par la force en lui procurant discrètement l’aide d’une centaine d’Européens recrutés par la société Géolink, de soldats de la DSP de Mobutu, de
miliciens Interahamwe rwandais et de légionnaires français venus pour évacuer
les ressortissants français. 32 La pratique des boucliers humains sera constamment utilisée par les génocidaires rwandais dans leur repli.
« Le camp de Tingi-Tingi avec ses 150 000 occupants est aujourd’hui l’objet
d’une gigantesque prise d’otages. [...] [Les] vestiges des Forces armées rwandaises (FAR) et des milices hutues interahamwes refusent non seulement leur
désarmement, mais aussi la dispersion de la masse des réfugiés dont la cohésion reste leur seule garantie de survie politique et militaire. [...] Lors d’une
distribution de nourriture à Amisi [un camp voisin], les enfants non accompagnés (abandonnés ou orphelins) avaient été écartés par les dirigeants du camp
au profit des combattants des FAR ». 33
16 ans après le génocide, des ex-FAR et Interahamwe, groupés dans les Forces
démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), sèment toujours la terreur
au Nord et au Sud-Kivu. 34 Les autres étant emprisonnés en Allemagne, leur chef
est Callixte Mbarushimana. 35 Il vit à Paris sans être inquiété par les autorités
françaises, alors que la résolution 1804, adoptée par le Conseil de sécurité le
13 mars 2008, 36 demandait de faire cesser le soutien à l’action des FDLR au
Congo-RDC, jusqu’à ce que la Cour pénale internationale (CPI) le fasse arrêter
ce 11 octobre 2010. Les charges contre lui n’ayant pas été confirmées, il a été
remis en liberté le 23 décembre 2011. 37
30. François-Xavier Verschave [4, pp. 253-282].
31. Jacques Morel, Un tueur au service de la France : Jugoslav Petrusic alias Dominik
Yugo, 22 juillet 2011. http://francegenocidetutsi.org/YugoDominik.pdf
32. Le Canard Enchaîné, 11 juin 1997 ; Yitzhack Koula, Pétrole et violence au CongoBrazzaville : les suites de l’affaire Elf, L’Harmattan, 2006.
33. Thomas Sotinel, Entre milices hutues et forces rebelles, 150 000 réfugiés sont pris en
otage à Tingi-Tingi, Le Monde, 19 janvier 1997.
34. Le 30 juillet et début août 2010 au Sud Kivu, près de la ville minière de Walikale, plus
de 200 femmes et enfants ont été victimes de viols par des combattants hutu rwandais. Cette
stratégie de la terreur leur permet de s’assurer le contrôle des zones minières.
35. Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo, ONU,
S/2009/603, 23 novembre 2009, pp. 26, 28.
36. ONU, S/RES/1804 (2008). http://francegenocidetutsi.org/08s1804.pdf
37. Fiche dínformation sur láffaire : Le Procureur c. Callixte Mbarushimana, CPI, 15 juin
2012. http://francegenocidetutsi.org/MbarushimanaFra.pdf .

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Le retour des « affreux »
La France a aussi pensé à battre le rappel de ses mercenaires pour secourir
Mobutu. Bob Denard étant grillé depuis son invasion des Comores en 1995 et son
ancien adjoint René Dulac ayant décliné, il a été fait appel à son alter-ego belge,
Christian Tavernier. 38 En lien avec François-Xavier Sidos, cadre du Front National et lieutenant de Bob Denard, Nicolas Courcelle est cité fin 1996 comme l’un
des recruteurs de mercenaires d’extrême-droite pour Mobutu – sur commande
du réseau Foccart et de l’Élysée. 39 Selon Gérard Prunier il y aurait eu 276
hommes sous le commandement de Tavernier. 40 Thierry Charlier, journaliste à
Raids, a accompagné les mercenaires mais il ne fournit que des pseudonymes et
floute les visages sur les photos. 41 Le « commandant Charles », de son vrai nom
Emmanuel Pochet, a fait partie de l’équipée, ainsi que François-Xavier Sidos,
proche collaborateur de Jean-Marie Le Pen. 42

C’est la France qui a remis en selle Mobutu
La France a soutenu le Maréchal Mobutu malgré les massacres qu’il a suscités
dans les années 1990 pour se maintenir au pouvoir, en pratiquant la stratégie
du chaos. Alors qu’il est persona non grata pour les Belges, les Britanniques et
les États-uniens, Mobutu est invité au cinquième sommet de la francophonie
à l’île Maurice en octobre 1993. Pendant le génocide de 1994, il soutient le
Gouvernement intérimaire rwandais en lui fournissant des armes, et en offrant
son territoire comme base pour les troupes françaises. Michel Aurillac et Robert
Bourgi vont à Gbadolite le 17 avril en compagnie de Herman Cohen, ancien
secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour l’Afrique, et de Max Olivier Cahen,
fils de l’ambassadeur de Belgique à Paris. Michel Aurillac a été reçu en tête à
tête par Mobutu. 43 Jacques Foccart se rend le 10 août 1994 à Gbadolite en
compagnie de Robert Bourgi pour faire une médiation entre Mobutu et son
Premier ministre Kengo wa Dondo. 44
Bruno Delaye, conseiller de François Mitterrand pour les affaires africaines,
estime le 29 avril qu’ « il faudrait traiter le Zaïre de façon différente. Je vais
horrifier par mes propos, mais on a besoin de Mobutu : il faut le sortir de son
38. Jean Chatain, Au Zaïre, le retour des « affreux », L’Humanité, 25 janvier 1997. http:
//francegenocidetutsi.org/RetourAffreuxHuma25janvier1997.pdf .
39. F-.X. Verschave, La Françafrique, Stock, 1998, pp. 268–270.
40. Gérard Prunier [2, p. 129].
41. Thierry Charlier, Les mercenaires français au Zaïre, Raids, 31 mai 1997, pp. 16-29.
http://francegenocidetutsi.org/MercenairesZaireRaidsMai1997.pdf
42. François Didier, Amères équipées pour les soldats du « Vieux ». Des Comores aux rives
du fleuve Congo, comment la bande à Denard a perdu « ses » guerres, Libération, 4 février
1999. http://francegenocidetutsi.org/AmeresEquipeesLibe4fevrier1999.pdf .
43. John Yates, Former A/S Cohen meets Mobutu , US DOS, 18 avril 1994. http:
//francegenocidetutsi.org/CohenMobutu18April1994.pdf
44. Géraldine Faes, Le retour du dinosaure, Jeune Afrique, 22 septembre 1994, 12-14. http:
//francegenocidetutsi.org/FaesRetourDinosaure22septembre1994.pdf .

RÉFÉRENCES

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relatif isolement ». 45
Mobutu joue ainsi un rôle important dans la négociation d’un cessez-le-feu
au sommet de l’OUA à Tunis, le 14 juin. Le 8 novembre, il est invité au sommet
franco-africain de Biarritz. Il est totalement réhabilité par la France pour son
aide aux génocidaires.

Conclusion
Le rapport Mapping du Haut-Commissariat aux Droits de l’homme des Nations Unies est partial et occulte le fait majeur et fondamental de l’histoire de
l’Afrique des Grands Lacs de ces 20 dernières années : le génocide des Tutsi.
L’armée rwandaise ne peut être accusée de génocide contre des Hutu au Congo
ex-Zaïre. Cette accusation vise surtout à accréditer la thèse du double génocide,
c’est-à-dire à absoudre les auteurs du génocide des Tutsi du Rwanda et ceux qui
les soutiennent. Elle a pu commettre des crimes, mais il serait scandaleux qu’un
tribunal de l’ONU instruise son procès alors que la France, membre permanent
du Conseil de sécurité, est responsable en grande partie de ces atrocités.
La France s’est en effet refusée à arrêter les coupables présumés du génocide
des Tutsi au Rwanda en 1994, alors que ce génocide était reconnu. Elle a protégé
leur fuite au Zaïre, les a réarmés, a entravé toute action coercitive de l’ONU
contre ces criminels et a rétabli dans ce pays l’autorité du maréchal Mobutu,
un dictateur qui a dévalisé son pays de ses richesses et l’a mis à feu et à sang.

Références
[1] African Rights : Rwanda : The Insurgency in the Northwest. African
Rights, P.O. Box 18368, London EC4A 4JE, 1998.
[2] Gérard Prunier : From Genocide to Continental War. The ‘Congolese’
Conflict and the Crisis of Contemporary Africa. Hurst & Company, London,
2009.
[3] Paul Quilès : Enquête sur la tragédie rwandaise 1990-1994. Assemblée nationale, rapport no 1271, http://www.assemblee-nationale.fr/
dossiers/rwanda.asp, 15 décembre 1998. Mission d’information de la commission de la Défense nationale et des Forces armées et de la commission
des Affaires étrangères, sur les opérations militaires menées par la France,
d’autres pays et l’ONU au Rwanda entre 1990 et 1994.
[4] François-Xavier Verschave : La Françafrique, Le plus long scandale de la
République. Stock, 1998.

45. Bruno Delaye, Christian Quesnot, Situation au Rwanda, Entretien avec Françoise Carle,
29 avril 1994. http://francegenocidetutsi.org/QuesnotDelaye29avril1994.pdf

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