Fiche du document numéro 24921

Num
24921
Date
Samedi 20 décembre 2008
Amj
Auteur
Fichier
Taille
100439
Pages
1
Urlorg
Titre
Quand Paris serrait la main du diable
Nom cité
Nom cité
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Source
Type
Langue
FR
Citation
Si l'on en juge par les réactions de Paul Quilès, ex-président de la Mission parlementaire française à l'origine du rapport « Enquête sur la tragédie rwandaise » (décembre 1998), s'exprimant hier sur France Inter, tout fait nouveau concernant le dossier du génocide rwandais suscite la crispation de Paris. La crainte de voir surgir une nouvelle confirmation de l'implication de l'État français dans le génocide de 1994 relève désormais du réflexe conditionné. Surtout depuis la publication des travaux de la commission d'enquête mise en place à ce sujet par Kigali.

Il faut dire que le curriculum vitae du colonel Théoneste Bagosora s'avère emblématique en la matière. Formation militaire en France comme nombre d'autres officiers supérieurs de l'armée de Habyarimana. Surtout, en relation permanente avec les « coopérants militaires » français opérant sur place de 1990 à 1994. Dans son ouvrage J'ai serré la main du diable (Éditions Libre Expression), le général canadien des casques bleus, Roméo Dallaire, témoigne des liens étroits existant alors entre la direction de l'armée rwandaise ou de la garde présidentielle et les militaires et diplomates français sur place. De même, Vénuste Kayimahe, ancien salarié du Centre culturel français de Kigali, évoque dans France-Rwanda : les coulisses du génocide (Éditions Dagorno) les rencontres à répétition du colonel Bagosora et de ses proches collaborateurs avec l'ambassadeur de notre pays. Il faudrait aussi citer une certaine vente d'armes ayant été conclue aux Seychelles avec l'aval d'une banque française et réceptionnée par le même Bagosora. Cela en juin 1994, soit trois mois après le début du carnage.

Le général Dallaire indique avoir appris après coup que « la France avait écrit au gouvernement canadien pour demander (son) retrait du commandement de la MINUAR. Il était évident que quelqu'un avait lu (ses) rapports et n'avait pas apprécié qu'(il) mentionne clairement la présence des soldats français au sein de la garde présidentielle... » Finalement, Paul Quilès peut se féliciter d'une chose : que Bagosora ne se soit pas montré plus disert concernant tous ces domaines.

Jean Chatain
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