Fiche du document numéro 2454

Num
2454
Date
Jeudi 20 septembre 2007
Amj
Auteur
Fichier
Taille
126830
Pages
2
Titre
La justice française et le génocide rwandais
Sous titre
Procès . Les plaintes concernant plusieurs organisateurs des massacres de 1994, réfugiés dans notre pays, seront-elles entendues un jour ?
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
La chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris examinait hier la
demande de mise en liberté déposée par les avocats de Wenceslas
Munyeshyaka, prêtre, ancien vicaire de la paroisse Sainte Famille, à
Kigali, et de Laurent Bucyibaruta, ex-préfet de Gikongoro,
circonscription où fut perpétré le massacre de Murambi, l'un des plus
massifs de la période avril-juillet 1994 (dont il faut souligner qu'il
se prolongea après la venue des forces françaises de « Turquoise »
sous prétexte d'instaurer une « zone humanitaire » qui n'eut de
« sûre » que le nom).

Le cas du père Wenceslas, qui exerce aujourd'hui son ministère dans le
diocèse d'Évreux, est l'un des plus révélateurs de la capacité
d'inertie de l'appareil judiciaire français face aux plaintes
concernant les acteurs et les organisateurs du génocide rwandais :
c'est contre lui que furent déposées les premières plaintes (pour
actes de génocide, viols, assassinats et extermination), et c'est à
propos de son dossier que la Cour européenne des droits de l'homme a
condamné notre pays pour « retard apporté à rendre la justice ». Cela
fait près de treize ans que des plaintes ont été déposées à l'encontre
de génocidaires ayant trouvé refuge sur le sol français et que sont
déployés des trésors d'ingéniosité procédurière pour refuser de
seulement les prendre en considération.

Les deux hommes avaient été interpellés le 20 juillet dernier, puis
remis en liberté dès le 1er août, au nom de la présomption
d'innocence. Début septembre, ils comparaissaient devant un magistrat
du parquet général de Paris qui leur notifiait un mandat d'arrêt aux
fins de remise au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR),
installé à Arusha (Tanzanie). À l'heure où ces lignes étaient écrites
le tribunal n'avait toujours pas rendu son verdict.

Si l'affaire Wenceslas est la plus connue en France, de par son
ancienneté, elle est loin d'être isolée. Le Comité des parties civiles
pour le Rwanda (CPCR) rappelait, le 7 avril 2007, date anniversaire du
début du génocide, les poursuites engagées contre les colonels Laurent
Serubuga et Cyprien Kayumba, dont les dossiers semblent toujours en
sommeil (1). Une autre plainte avait été déposée le 13 février 2007
contre Agathe Kanzinga, veuve du président Juvénal Habyarimana,
plainte qui se heurte, elle aussi, à une surdité judiciaire manifeste.
D'autant que, dans ce dernier cas, on en arrive à un niveau dangereux
concernant de possibles révélations sur les liens ayant uni le régime
génocidaire et les autorités françaises de l'époque. À commencer bien
évidemment par l'Élysée.

(1) Cf. Alain Gauthier, président du CPCR :
« Le point sur les affaires judiciaires en France »,
in la Nuit rwandaise, revue annuelle dont le premier numéro était
publié à l'occasion du treizième anniversaire du génocide.
38, rue Keller, Paris 11e. 10 euros.

Jean Chatain
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