Fiche du document numéro 2451

Num
2451
Date
Lundi 9 octobre 2006
Amj
Auteur
Fichier
Taille
125391
Pages
2
Titre
Un livre de haine raciale
Sous titre
Génocide . SOS Racisme, en liaison avec une association de rescapés rwandais, dépose plainte « pour diffamation raciale » à l'encontre du livre de Pierre Péan.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Lancé à grands sons de trompe, le livre de Pierre Péan, Noires
Fureurs, blancs menteurs (1), constitue un point d'orgue dans la
campagne négationniste orchestrée depuis une année et
demi. Approximativement depuis que Kigali a annoncé la création d'une
commission d'enquête sur les agissements des militaires français de
l'opération Turquoise, en juin-juillet 1994... L'association SOS
Racisme, en liaison avec Ibuka (Souviens-toi) et sa branche française,
vient de déposer plainte « pour diffamation raciale et incitation à la
discrimination raciale » à l'encontre de cet ouvrage près du tribunal
de grande instance de Paris. Dominique Sopo, président de SOS Racisme,
François Ngarambe (Ibuka Rwanda) et Espérance Brossard (Ibuka France)
en rendaient compte fin de la semaine passée, en compagnie de leurs
avocats, Me Forster et Me Maingain.

Que la prose de Péan soit d'essence raciste, les quelques citations
contenues dans la plainte suffisent à le prouver. Vous y apprenez par
exemple que la « culture du mensonge et de la dissimulation »
caractérise les Tutsi, faisant de « cette race l'une des plus
menteuses qui soit sous le soleil ». Changez le mot Tutsi par le terme
juif et vous reconnaîtrez facilement le style, celui de la littérature
antisémite diffusée avant-guerre par l'extrême droite française. Autre
source d'inspiration de l'auteur, la propagande véhiculée par les
pires organes extrémistes du Hutu power, idéologie qui faisait florès
début des années quatre-vingt-dix sous le régime Habyarimana.

Le plus célèbre « concept », Kangura, définissait les femmes tutsies
comme des prostituées espionnes de vocation, multipliant les dessins
obscènes montrant le général des casques bleus, Roméo Dallaire, en
compagnie d'un nombre variable de ces dernières. Pierre Péan reprend
le procédé à son compte et assure que l'officier canadien n'était pas
insensible à leurs charmes, ce qui lui permet le rejet en bloc d'un
témoignage pourtant de première main (2)...

« Cette plainte revêt pour nous une portée symbolique importante »,
déclare François Ngarambe. Comme dans le cas de la Shoah ou des
Tziganes exterminés par le nazisme et son valet pétainiste, la
négation du génocide des Tutsi « est un moment du génocide lui-même ».

(1) Pierre Péan : Noires Fureurs, blancs menteurs (Mille et Une Nuits,
novembre 2005).

(2) Roméo Dallaire :
J'ai serré la main du diable (Libre Expression, 2003).

Jean Chatain
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