Fiche du document numéro 2402

Num
2402
Date
Mardi 27 février 1996
Amj
Auteur
Fichier
Taille
88485
Pages
2
Sur titre
Afrique des Grands Lacs
Titre
Un risque d'explosion régionale
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
LES armées défaites cette dernière décennie en Ouganda, au Rwanda, dans
l'ex-Zaïre (République démocratique du Congo) ou en Angola, font courir
un risque d'explosion totale de la sous-région a déclaré mercredi soir
à Bujumbura, capitale du Burundi, l'envoyé spécial de l'Union européenne
dans la région des Grands Lacs, Aldo Ayello.

C'est un problème gigantesque, énorme. Il faut un moyen d'en sortir
parce qu'on risque d'ici quelques mois une explosion totale
, a-t-il
insisté. N'importe qui désireux d'investir un peu d'argent dans une
opération de déstabilisation trouverait de la main-d'oeuvre nécessaire
sur le terrain. Quant aux armes, il en trouverait autant qu'il en
voudrait...
Aldo Ayello a conclu en appelant de ses voeux une réunion
des chefs d'Etat de la région qui devraient travailler sur un plan de
démobilisation
.

Quelles sont les forces ainsi désignées ? D'abord les interahamwe et
ex-FAR, les miliciens et militaires de l'ancienne dictature de Kigali,
organisatrice du génocide de 1994, ainsi que les groupes armés des
partis extrémistes ethnistes burundais de l'ex-ministre Nyangoma
(CNDD) ou du Palipehutu. Depuis l'effondrement du régime Mobutu, la DSP
(Division spéciale présidentielle) du défunt maréchal-gangster est venue
se joindre à eux. Les rangs de cette véritable mafia terroriste se
seraient encore agrandis avec les renforts expédiés par l'UNITA
angolaise, le mouvement dirigé par Savimbi, mais aussi des groupes issus
de l'ancienne armée Obote (du nom du dictateur ougandais défait par la
rébellion alors dirigée par Yoweri Museveni).

L'atrocité des massacres perpétrés notamment dans le nord du Rwanda -
préfectures de Gisenyi (la région d'origine du clan Habyarimana) et de
Ruhengeri - montre que le génocide se poursuit, selon l'expression du
directeur de l'hôpital de Ruhengeri, cité par Gabriel Khan dans
l'hebdomadaire l'Autre Afrique. Les rebelles utilisent des massues
cloutées et des machettes. Ils coupent la main de leurs victimes et
leurs tendons d'Achille
... Cette mutilation avait été de règle lors des
massacres de 1994 : une façon de raffiner dans le sadisme, comme cela
est souvent de règle dans les crimes racistes, en immobilisant des gens
mutilés pour les laisser mourir de gangrène ou de famine. Les
témoignages recueillis à l'époque montrent que les racistes turcs
aspirés par la folie du génocide arménien (elle aussi soigneusement
planifiée par le gouvernement en place) avaient déjà utilisé un tel mode
de torture.

Quittant mercredi le Burundi après une visite de trois jours, Aldo
Ayello a indiqué qu'il s'était entretenu avec le président Pierre Buyoya
sur des questions régionales. Il ajoutait : Avec Buyoya, on n'a pas
seulement parlé des thèmes du Burundi, on a parlé des questions
régionales, notamment le problème de la région du Kivu dans l'est de la
République démocratique du Congo
. Une zone elle aussi frappée par des
tueries ethniques à répétition.

JEAN CHATAIN.
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