Fiche du document numéro 23791

Num
23791
Date
Jeudi 3 juillet 2014
Amj
Auteur
Taille
0
Pages
0
Urlorg
Surtitre
Série « "Kwibuka 1994", souviens-toi du génocide »
Titre
Épisode 4/4 : Que peut apporter la micro-histoire à la compréhension des crimes de masse ?
Soustitre
Qu’est-ce qu’une approche extrêmement locale peut apporter à la compréhension des crimes de masse et des génocides ? En quoi l'approche micro-historienne se différencie-t-elle de la pratique de la monographie traditionnelle, ou de la notion d'histoire totale développée par Ernest Labrousse ? Avec Pierre Benetti (critique à En attendant Nadeau), Nicolas Werth (directeur de recherche émérite au CNRS et président de la branche française de Memorial International), Isabelle Backouche [directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)].
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Émission de radio (son)
Langue
FR
Citation
Emmanuel Laurentin s'entretient avec les historiens Isabelle Backouche, Pierre Benetti, Nicolas Werth des atouts de la micro-histoire dans un contexte de crime de masse.

Isabelle Backouche : L’approche micro-historienne nous permet de comprendre des milliers de complicités – ou de résistance – non volontaires qui se jouent à plusieurs niveaux. Elle a une vertu heuristique sur le regard que l’on porte en tant qu’historien. Parce que face à des processus aussi extraordinaires que les processus génocidaires, on est nous-mêmes écrasés par ce qui est arrivé. Il faut décrasser le regard.

Nicolas Werth : Dès ses origines, une des idées centrales de la micro-histoire est de s’intéresser aux anonymes, aux petites gens, c’est-à-dire de déplacer le regard des élites, des grands personnages. Il y a une vision politique et en même temps le refus de faire de l’histoire sociale au sens traditionnel de l’histoire des masses : donc un double décentrage. Cela consiste aussi à essayer de saisir un autre moment que celui d’où nous réfléchissons trente ou cinquante ans après. Mais qu’est-ce qu’il se passait sur le moment ? Comment les gens ressentaient les choses ?

Pierre Benetti : En effet, pour ce qui concerne l’exemple du Rwanda, ce qui apparaît dans la quinzaine d’entretiens que j’ai pu mener à Kinazi, c’est qu’en 1994, on ne parle pas encore de génocide. Ce sont des meurtres entre voisins, ce sont des gens qui se retournent contre leurs propres voisins.
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024