Fiche du document numéro 1487

Num
1487
Date
Vendredi 27 mai 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
189703
Pages
1
Titre
La Commission des droits de l'homme de l'ONU a désigné un rapporteur spécial
Sous titre
Le juriste ivoirien René Degni Segui a été nommé rapporteur spécial par la Commission des droits de l'homme de l'ONU, réunie à Genève. Le projet de création d'un tribunal international n'a pas abouti.
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
27.05.1994
vichniac isabelle
RWANDA La Commission des droits de l'homme de l'ONU a désigné un
rapporteur spécial
Le juriste ivoirien René Degni Segui a été nommé rapporteur spécial par
la Commission des droits de l'homme de l'ONU, réunie à Genève. Le
projet de création d'un tribunal international n'a pas abouti.
GENÈVE
de notre correspondante
La troisième session extraordinaire de la Commission des droits de
l'homme de l'ONU (les deux précédentes avaient été consacrées à
l'ex-Yougoslavie) s'est terminée, mercredi 25 mai, par l'adoption, à
l'unanimité, d'une résolution très ferme, encore qu'irréaliste parfois.
Ce texte, qui qualifie les massacres de la population civile de "
génocide " sévérité sans précédent dans une enceinte internationale
depuis les procès de Nuremberg , prévoit l'envoi, sur le terrain, d'un
rapporteur spécial chargé de mener une enquête au sujet de toutes les
exactions commises.
L'universitaire ivoirien René Degni Segui, président de la Ligue des
droits de l'homme de son pays, a été choisi pour cette mission. Il
devra rechercher les mesures susceptibles de mettre fin aux massacres,
et fournir à la Commission des conclusions sur les informations qu'il
aura pu recueillir " de première main ", entre autres quant à
l'identité des principaux responsables. La durée de son mandat sera
d'un an, renouvelable si les circonstances l'exigent. Il sera assisté
dans sa tâche par une équipe d'experts des droits de l'homme.
La résolution condamne en outre l'enlèvement et l'assassinat d'Agathe
Uwilingiyimana, premier ministre du Rwanda, de même que les meurtres de
membres du MINUAR et de travailleurs d'organisations humanitaires. Le
texte en appelle à " une cessation immédiate " des hostilités et au
respect des accords d'Arusha. Il demande que tout soit mis en oeuvre
pour faciliter le passage de l'aide humanitaire, des réfugiés et des
personnes déplacées.
" Il est presque
trop tard "
Faisant montre d'optimisme, il demande aussi la libération des détenus
des camps et des prisons, et affirme que les responsables des crimes
les plus graves seront traduits en justice et devront rendre des
comptes. Aucune précision n'a été apportée quant à l'éventuelle
création d'un tribunal international, pourtant souhaitée par la plupart
des délégués gouvernementaux et des représentants des organisations non
gouvernementales (ONG).
L'unanimité ne s'est pas faite d'emblée. Un certain nombre de pays à
peu de chose près, les mêmes que ceux qui avaient mis des bâtons dans
les roues lors de la Conférence mondiale des droits de l'homme qui
s'est tenue à Vienne en juin 1993 se sont montrés réticents. Parmi les
contestataires, dont les pressions se sont surtout exercées en
coulisses, on peut citer le Soudan, le Yémen, la Syrie, l'Algérie,
Cuba, le Mexique, la Chine, l'Indonésie et l'Iran.
La tragédie rwandaise étant par trop atroce, tous les pays ont
cependant fini par se ranger aux côtés de la majorité, ce qui a permis
à cette session extraordinaire de se clore dans la dignité. Mais, comme
l'a fait remarquer le juriste sénégalais Adama Dieng, secrétaire
général de la Commission internationale de juristes (CIJ), " une fois
encore, le médecin vient après la mort, une fois encore, on envisage
une action alors qu'il est presque trop tard ; néanmoins, il est encore
urgent d'agir ".
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