Fiche du document numéro 1405

Num
1405
Date
Samedi 23 avril 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
103878
Pages
2
Titre
Rwanda - L'ONU réduit sa présence au strict minimum
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Une fois de plus, les Nations unies se trouvent en situation d'échec.
Incapable de faire face à la vague d'extrême violence qui sévit depuis
deux semaines, le Conseil de sécurité a décidé, tard dans la nuit du
jeudi 21 avril, de retirer la plus grande partie des personnels de l'ONU
au Rwanda, à l'exception du représentant spécial du secrétaire général
et de 270 militaires et civils.

Cette décision du Conseil intervient au terme d'un débat sur la
situation en Bosnie-Herzégovine qui a abouti à une résolution renforçant
les effectifs de l'ONU dans ce pays. Le représentant du Rwanda, membre
du Conseil de sécurité, a accusé ce dernier de pratiquer une politique « à deux poids, deux mesures ».

« Le peuple rwandais se sent complètement abandonné », a déclaré
l'ambassadeur Jean-Damascène Bizimana. Selon lui, il aurait fallu au
contraire accroître les moyens de l'ONU dans son pays. Un premier projet
de résolution rédigé par les pays non alignés demandait effectivement le
renforcement des moyens de l'ONU alors que Washington suggérait
l'abandon total. Les protestations des pays africains membres du Conseil
(Nigéria, Djibouti, Rwanda) ont obligé le secrétaire général à ajouter
l'option du renforcement de la MINUAR (Mission des Nations unies pour
l'assistance au Rwanda).

La décision du Conseil est fondée sur le rapport du secrétaire général
dans lequel celui-ci proposait trois options : le retrait total de la
MINUAR, un renforcement massif des troupes de l'ONU ou une réduction
calculée au plus juste de ses personnels. Les deux premières
propositions ont été écartées d'emblée.

Pour le secrétaire général, le renforcement « immédiat et massif » de la
MINUAR nécessitait l'envoi de « plusieurs milliers d'hommes
supplémentaires
 ». Il impliquait également une résolution sous le
chapitre 7 de la charte qui aurait donné aux « casques bleus » le
pouvoir d'utiliser la force pour instaurer la paix. M. Boutros-Ghali
estimait d'autre part que le retrait total de la MINUAR aurait entraîné
d'énormes pertes en vies humaines et des « répercussions tragiques dans
les pays voisins
 ».

L'option finalement prise par le Conseil devrait permettre à un petit
groupe de personnel de l'ONU, dirigé par le commandant de la force, de
rester à Kigali pour servir d'intermédiaire entre les deux parties afin
d'essayer de les mener à un accord de cessez-le-feu. La MINUAR devrait
aussi faciliter la reprise des opérations humanitaires.
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