Fiche du document numéro 13771

Num
13771
Date
Mardi 7 juin 1994
Amj
Hms
17:20:00
Auteur
Fichier
Taille
85879
Pages
2
Urlorg
Titre
Les rebelles disent vouloir une solution politique
Cote
reutfr0020011106dq6700yno
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 7 juin, Reuter - Des échanges nourris d'armes lourdes se
poursuivaient mardi autour de Kigali, où les rebelles du Front
patriotique rwandais (FPR) paraissent avoir enrayé une contre-offensive
de l'armée régulière.

D'autre part, quelque 700 orphelins ont été évacués de la ville
méridionale de Butare et transférés par la route jusqu'au Burundi par
le Comité international de la Croix rouge (CICR) avec la coopération
des autorités civiles et militaires locales.

Selon des représentants de l'Onu à Kigali, les tirs étaient concentrés
autour de l'hôtel Méridien et du Mont Kigali, la plus haute colline qui
reste aux mains de l'armée depuis que les rebelles, issus pour la
plupart de l'ethnie minoritaire tutsie, ont pris pied en ville il y a
quelques jours.

Mais les vrais affrontements stratégiques se déroulent au sud et au
nord de la capitale rwandaise, où l'armée à dominante hutue du
président assasssiné Juvénal Habyarimana s'efforce d'éviter une
victoire totale du FPR après deux mois de combats et de massacres qui
ont fait jusqu'à 500.000 morts.

Les responsables de l'Onu signalent des combats importants dans un
village proche de la ville de Kabgayi, dont la chute aux mains des
rebelles la semaine dernière menace Gitamara, à 25 km au sud de la
capitale, où le gouvernement intérimaire officiel s'est retranché le
mois dernier avec des centaines de milliers de Hutus. Les rebelles n'en
sont plus qu'à trois km.

Les gouvernementaux ont aussi lancé une contre-offensive au nord de
Kigali à partir de la ville-garnison de Ruhengeri en vue de déloger les
rebelles des deux verrous qu'ils tiennent sur la route de la capitale.

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Ni victoire, ni reddition
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Mais l'Onu estime que le FPR a réussi à contenir la poussée des forces
gouvernementales. La situation militaire n'a pas vraiment changée. Le
FPR conserve l'initiative en dépit des communiqués de victoire
gouvernementaux
, note-t-on de source proche de l'organisation
mondiale.

A Kabuga, 16 km à l'est de Kigali, le chef militaire du FPR, le général
Paul Kagame a affirmé à la presse que les offensives gouvernementales
lancées ces derniers jours ont été repoussées et que les rebelles
conservent leurs positions, notamment autour de Gitarama.

Il s'est refusé à dire si le FPR entendait prendre Gitamara avant
Kigali, en se retranchant derrière le secret militaire.

Le président ougandais Yoweri Museveni, considéré comme l'allié
étranger le plus en vue des rebelles, s'est montré pour la première
fois lundi soir irrité qu'ils n'aient pas accepté le cessez-le-feu
réclamé par le Conseil de sécurité.

Estimant que les hommes du FPR n'avaient pas la capacité de l'emporter
militairement, il a ajouté: Je leur ai conseillé à maintes reprises
d'accepter un cessez-le-feu car la communauté internationale a promis
un tribunal pour juger les responsables du génocide et je ne comprends
pas pourquoi ils tiennent à prolonger les combats
.

Les massacres interethniques au Rwanda ont été déclenchés à
l'initiative des Hutus à la suite de l'assassinat du président
Habyarimana et de son homologue burundais lors d'une attaque à la
roquette d'origine indéterminée le 6 avril à l'aéroport de Kigali. Mais
ils sont imputables à chacun des deux camps, selon les organisations
humanitaires.

A Bruxelles, le journal Le Soir publie mardi une interview du président
du FPR, Alexis Kanyarengwe, dans laquelle il se dit prêt à négocier
avec l'armée régulière rwandaise, mais pas avec le gouvernement
intérimaire de Gitarama, auquel il dénie toute légitimité.

Il affirme par ailleurs que le FPR ne veut ni une victoire militaire
totale ni une reddition de l'armée
mais une solution politique.
/MD/CR

(c) Reuters Limited 1994
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