Fiche du document numéro 13584

Num
13584
Date
Dimanche 22 mai 1994
Amj
Hms
12:17:00
Auteur
Fichier
Taille
87460
Pages
2
Urlorg
Titre
Rwanda - les rebelles marquent des points à Kigali
Cote
reutfr0020011106dq5m01025
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 22 mai, Reuter - Les rebelles du Front patriotique du Rwanda
(FPR) se sont emparés dimanche de l'aéroport de Kigali et du camp
militaire de Kanombe, bastion des forces gouvernementales dans la
capitale, ont rapporté des témoins.

Le général Augustin Bizimungu, chef d'état-major de l'armée
gouvernementale, a déclaré que ses troupes avaient évacué l'aéroport et
la caserne à la demande de l'Onu.

Nous nous organiserons et nous continuerons les combats, a-t-il dit
sur Radio France Internationale.

Nous ne sommes pas défaits. Disons que la situation est compliquée.
Nous perdons une bataille ici, nous gagnons une bataille par là. Nous
ne sommes pas désespérés
, a-t-il ajouté.

Prié de dire quels étaient les prochains objectifs du FPR, un
commandant rebelle a de son côté déclaré à Reuter : La ville et
ensuite le pays
.

Plusieurs civils ont été tués dans les duels d'artillerie au cours de
la bataille pour le contrôle de l'aéroport, qui avait débuté jeudi, ont
précisé des témoins.

Une trentaine de cadavres gisaient dimanche devant la caserne de
Kanombe et des centaines de civils ont fui le quartier en direction de
l'aéroport, où ils espèrent trouver la sécurité maintenant que les
combats y ont pris fin.

Environ 250 soldats gouvernementaux ont évacué l'aéroport au cours de
la nuit de samedi à dimanche, laissant la place aux hommes du FPR, a
expliqué le général canadien Roméo Dallaire, chef de la Mission
d'assistance de l'Onu au Rwanda (Minuar).

La chute de Kanombe et celle de l'aéroport représentent la plus grande
victoire des rebelles depuis la reprise de la guerre civile. Kanombe,
la plus fortifiée des casernes gouvernementales, était défendue par la
Garde présidentielle.

Cette unité a été accusée d'avoir déclenché les massacres de Tutsis
après l'attentat qui a coûté la vie au président Juvénal Habyarimana,
un Hutu, le 6 avril.

Plusieurs centaines de soldats gouvernementaux se sont rendus aux
casques bleus de la Minuar, a précisé le général Dallaire.

---
Pas de vols humanitaires
---

Il a ajouté qu'il négociait le libre passage de 156 civils, pour la
plupart des familles de militaires gouvernementaux, qui se trouvent
encore au camp de Kanombe.

Selon Abdoul Kabia, directeur exécutif de la Minuar, il reste 209
casques bleus à l'aéroport, qui a été pilonné pendant quatre jours,
mais tous sont sains et saufs.

Il a dit à Reuter que la prise de l'aéroport par les rebelles ne
changeait rien au fait qu'il reste fermé à tous les vols.

On ignore pour l'instant si l'arrivée des rebelles facilitera ou non le
déploiement de renforts de l'Onu au Rwanda.

Il reste encore d'autres casernes gouvernementales entre le camp de
Kanombe et le centre-ville.

Selon des responsables d'organisations humanitaires, le bilan des
massacres depuis début avril pourrait atteindre les 500.000 morts - en
majorité des membres de la minorité tutsie et des Hutus proches de
l'opposition.

Des responsables de l'Onu étaient attendus dimanche à Mulundi, bastion
des rebelles proche de la frontière ougandaise. Ils cherchent à
convaincre les belligérants de coopérer avec les Nations unies.

De source proche de l'Onu, on a déclaré que l'armée gouvernementale
avait accepté un cessez-le-feu de 60 heures qui doit entrer en vigueur
lundi à 08h00 (06h00 GMT). Mais le FPR n'a pas encore répondu à cette
demande de l'Onu, qui vise à entourer la visite des responsables de
l'Onu d'un minimum de sécurité. /FAN

(c) Reuters Limited 1994
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024