Fiche du document numéro 13563

Num
13563
Date
Jeudi 19 mai 1994
Amj
Hms
19:54:00
Auteur
Fichier
Taille
89380
Pages
2
Urlorg
Titre
Le FPR veut prendre Kigali avant arrivée de l'ONU
Cote
reutfr0020011106dq5j00zsn
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
MULINDI (RWANDA), 19 mai, Reuter - Accusant les Nations unies
d'incompétence, les rebelles rwandais prédisent qu'ils prendront la
capitale, Kigali, avant que l'Onu ait réussi à envoyer 5.500 hommes
pour apporter une aide humanitaire et mettre fin aux massacres.

Des responsables du Front patriotique du Rwanda dénoncent les délais à
prévoir pour l'envoi des 5.500 casques bleus voté mardi par le Conseil
de sécurité.

Pour nous c'est une plaisanterie ainsi que vous pouvez le voir avec ce
qui se passe
, dit l'un d'entre eux à Mulindi, quartier général du FPR
dans le nord du pays.

A Kigali, le général Romeo Dallaire, commandant militaire de la Mission
des Nations unies d'assistance au Rwanda (Minuar), dit avoir bon espoir
que 500 soldats ghanéens et 150 observateurs militaires pourront se
déployer d'ici une semaine, en renfort des 470 hommes déjà sur place.

Mais il reconnaît que l'arrivée du plus gros de la force pourrait
prendre plusieurs semaines. La composition de cette force n'a pas
encore été arrêtée, pas plus que son mode d'acheminement.

La force de l'Onu sera composée de soldats africains et comportera une
unité de déploiement rapide chargée d'appuyer les autres unités et
éventuellement d'investir des régions où sont commis des massacres.
Elle sera appuyée par des véhicules blindés transport de troupes et par
des hélicoptères, ont déclaré des responsables de l'Onu.

A moins que l'on ne sous-estime nos capacités, un mois c'est trop
long. Nous aurons pris Kigali et commencé à normaliser nous-mêmes la
situation en province
, dit un officier du FPR.

Cela prouve la bureaucratie sans fin de l'Onu. Ils ont d'abord regardé
nos compatriotes se faire massacrer parce qu'ils disaient n'avoir
jamais eu de mandat pour intervenir
, observe Denis Polisi,
vice-président du FPR.

Mais même maintenant qu'ils ont décidé d'intervenir et de faire cesser
les massacres, ils ne peuvent se mettre d'accord
.

---
Mise en garde de Booh-Booh
---

Des responsables du FPR expliquent que leurs forces s'emploient à
consolider leur contrôle de la route principale reliant Kigali à
Gitarama, la ville où s'est replié le gouvernement rwandais.

Bien que les rebelles affirment avoir complètement encerclé Kigali, il
semble que les forces gouvernementales soient toujours en mesure
d'emprunter une route secondaire pour rejoindre Gitarama, à 45 km au
sud-ouest.

Les forces gouvernementales en retraite ont fait sauter trois ponts sur
le Nyabarongo et l'Akanyaru, dans le sud, mais les rebelles ont franchi
ces cours d'eau en progressant vers l'ouest, en direction de Gitarama
et de Butaré, ont rapporté des journalistes qui se sont rendus dans la
région.

Le FPR a également acheminé d'importants renforts près des villes de
Tumba et Nkumba, à l'est de la garnison gouvernementale de Ruhengeri,
située dans le nord, que les chefs des rebelles disent avoir
partiellement encerclée.

Ils affirment qu'en contrôlant les principales routes dans le nord et
l'est, ils sont désormais en mesure d'utiliser des camions pour
acheminer rapidement troupes et matériel, ce qu'ils devaient faire à
pied il y a quelques semaines.

Vous verrez des opérations décisives dans les prochains jours et
d'après moi, vous pourriez ne jamais voir les 5.500 hommes de l'Onu,
parce que ce sera trop tard
, assure un jeune officier rebelle.

(A Yaoundé, le représentant spécial des Nations unies au Rwanda,
Jacques-Roger Booh-Booh, a averti mercredi que les efforts de maintien
de la paix de l'Onu échoueraient si les belligérants ne faisaient pas
preuve de bonne volonté.

(De passage à son domicile camerounais, il a déclaré à des journalistes
que les forces gouvernementales rwandaises et le FPR s'étaient préparés
à de nouvelles hostilités bien avant l'assassinat, le 6 avril, du
président Juvénal Habyarimana, qui a déclenché le massacre de centaines
de milliers de personnes.

(Les deux parties ont plus préparé la guerre que la paix, a déploré
le représentant de l'Onu.

(On peut envoyer 50.000 soldats, cela ne résoud pas le problème tant
que les parties intéressées ne coopèrent pas entre elles d'une part, et
avec les Nations unies d'autre part
, a ajouté Booh-Booh en annonçant
par ailleurs qu'il repartirait samedi au Rwanda.) /NCD

(c) Reuters Limited 1994
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