Fiche du document numéro 34759

Num
34759
Date
Samedi 5 septembre 1959
Amj
Auteur
Fichier
Taille
30081
Pages
2
Urlorg
Titre
L'opposition socialiste belge demande la convocation du Parlement M. Auguste de Schryver devient ministre du Congo
Sous titre
Bruxelles, 4 septembre. - C'est d'une voix très lasse que le premier ministre belge, M. Eyskens, a annoncé jeudi soir que le nouveau ministre du Congo, M. Auguste De Schryver, avait prêté serment entre les mains du roi Baudouin au château de Laeken.
Nom cité
Nom cité
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
"M. Auguste De Schryver, ministre d'État, dit-il, a bien voulu accepter de faire partie du gouvernement et d'assumer la tâche difficile de ministre du Congo et du Ruanda-Urundi. Je l'en remercie de tout cœur. Je dois remercier M. Van Hemelryek, ministre sortant, et je lui rends hommage pour le grand dévouement dont il a fait montre dans la gestion tellement complexe de ce département du Congo. Le gouvernement reste fidèle, sans aucune équivoque, au message royal et à la déclaration gouvernementale du 13 janvier."

M. De Schryver, ministre d'État, fondateur du parti social-chrétien, s'est sans doute incliné devant l'insistance du roi et de ses amis politiques, qui auront fait appel à son sens du devoir. "C'est une mission-suicide qu'il a acceptée" nous disait ce vendredi matin un de ses camarades de parti.

M. De Schryver réussira-t-il à surmonter la crise ? On en doute généralement à Bruxelles, car la situation est telle au Congo qu'on ne lui entrevoit guère d'issue. Le départ de M. Van Hemelryek n'est pas de nature à éclaircir les choses, car les Africains en concluent que la Belgique a mis son veto à la politique progressiste du ministre. Comment réagiront-ils ? A Léopoldville, annonce l'agence Belga, la nouvelle de la démission du ministre a fait l'effet d'une bombe et provoqué un profond malaise. On assure pourtant à Bruxelles que, si le ministre Van Hemelryek est parti, sa politique demeure.

Le remaniement ne satisfait personne



Sur le plan strictement belge le remaniement ne satisfait personne. La question du Congo demeure entière et plus inquiétante que jamais. Mais il y a aussi tous les autres problèmes auxquels le gouvernement de M. Eyskens aura à faire face : le pacte scolaire menacé, les finances altérées, la relance économique compromise, la réforme électorale en suspens L'unité de vues est loin d'être parfaite au sein de la majorité et l'opposition socialiste réclame la convocation du Parlement.

Dans une motion le bureau politique du parti rappelle en effet que le 13 janvier 1953 "le gouvernement prenait solennellement, avec l'approbation du Parlement, des engagements selon lesquels la Belgique se proposait de conduire les populations congolaises à l'indépendance".

Les socialistes considèrent que "la crise gouvernementale apparie la preuve de l'impossibilité dans laquelle se trouvent les ministres, de par leur défection, leurs atermoiements et l'impuissance qui s'en est ensuivie, de s'entendre sur les mesures à prendre pour exécuter ces engagements. Cette carence et ces retards, poursuit le texte, risquent de causer des dégâts irréparables. Le bureau du parti socialiste souligne que les deux partis de la majorité portent seuls l'entière responsabilité de la suite des événements, à propos desquels il n'a jamais été consulté. Le Parlement et le pays ont le droit de savoir quelle est la politique congolaise que le gouvernement adepte désormais."

Il est certain que le gouvernement Eyskens connaîtra désormais une vie de plus en plus difficile.

[M. Auguste de Schryver, nouveau ministre du Congo belge et du Ruanda-Urundi, est né à Gand en 1898. Il fut élu député de cette ville en 1928 et occupa plusieurs postes ministériels de 1935 à 1340.

Pendant la guerre il accompagna à Londres le cabinet Pierlot et fut chargé de missions aux États-Unis et au Canada.

Élu après la guerre président du parti social-chrétien, il abandonna ce poste pour reprendre sa place de député. Sur le plan politique il appartient à l'aile gauche du parti.

Depuis près de vingt ans, M. de Schryver est régulièrement consulté sur tous les problèmes politiques importants. En 1958 il fut chargé par le roi Baudouin d'une mission d'informations préalable à la constitution d'un gouvernement Eyskens homogène.]
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024