La visite du Pape Jean-Paul II au Rwanda, 7-9/9/1990

R., Christophe

N., Jean-Népo

Septembre 1990

19900901

La visite du Pape Jean-Paul II au Rwanda, 7-9/9/1990

RTV

https://www.youtube.com/watch?v=QpubmWkQk6c

Vidéo

FR

Dans son livre Papa, qu'est-ce qu'on a fait au Rwanda ? La France face au génocide (pp. 49-50), le journaliste Laurent Larcher fait à propos de cette vidéo le commentaire suivant : « Ma très chère fille, / Le 7 septembre 1990, un avion d'Air France arborant pour les besoins de son vol les couleurs du Vatican atterrit à l'aéroport de Kigali. À son bord, le pape Jean-Paul II. Il vient passer trois jours au pays des mille collines. Sur les images d'archives, nous pouvons le voir descendre, seul, la nacelle de débarquement, derrière lui, sur le fuselage de l'avion, le nom d'Air France crève l'écran. La foule en liesse acclame le vicaire du Christ arrivé à eux dans un avion de la flotte française. L'image est saisissante. Des religieuses portent le portrait du président rwandais, tout le monde joue la comédie du bonheur, Juvénal est aux anges, Agathe, sa femme, aussi. Dans la soirée, les membres du gouvernement sont invités à saluer personnellement le pape sous l'œil de médias. / Le sort des Tutsis, leur exclusion de la société, l'autoritarisme du régime, la fin de non-recevoir adressée au FPR sur le retour des réfugiés exilés à l'étranger sont invisibilisés dans ces images du voyage pontifical. Tout va bien, le Rwanda d'Habyarimana est formidable, son pays est la "petite Suisse" dans une région complexe, une vitrine pour sa marraine française et pour l'Église catholique. La représentation de la visite de Jean-Paul II, les images de liesse et d'harmonie qui l'accompagnent falsifient la réalité, dissimulent les fractures du pays, sa corruption, son népotisme, son racisme assumé et son extrême brutalité contre les Tutsis. Mais il ne faut pas gâcher la fête, ni l'espérance chrétienne. Le pape repart sous les louanges des fidèles dans le même avion d'Air France, le 9 septembre. Le message subliminal s'inscrit dans l'inconscient des témoins de la scène : du ciel, la France a conduit le successeur de saint Pierre au Rwanda, tel un ange gardien pour le pays. Notre flotte aérienne est au service de notre diplomatie ».