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Mise à jour :
25 août 2023 Anglais

Laurent Boussié, envoyé spécial au Rwanda : « Du côté du FPR, nous n'avons pas la preuve de massacres comme nous avons la preuve de l'autre côté de massacres faits par les miliciens et l'armée gouvernementale »

Fiche Numéro 31798

Numéro
31798
Auteur
Roger-Petit, Bruno
Auteur
Boussié, Laurent
Auteur
Albin, Bruno
Auteur
Mousset, Benoît
Date
23 juin 1994
Amj
19940623
Heure
08:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 8 heures
Titre
Laurent Boussié, envoyé spécial au Rwanda : « Du côté du FPR, nous n'avons pas la preuve de massacres comme nous avons la preuve de l'autre côté de massacres faits par les miliciens et l'armée gouvernementale »
Soustitre
Officiellement l'ONU approuve l'intervention française au Rwanda, officieusement les réserves ne manquent pas.
Taille
29372 octets
Nb. pages
4
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Résumé
- L'opération Turquoise débute aujourd'hui. Mission humanitaire confiée à des militaires : 2 500 soldats vont partir pour le Rwanda. Et sur place nous allons retrouver tout de suite Laurent Boussié, notre envoyé spécial qui se trouve à Kigali. Laurent Boussié : "La situation cette nuit était un tout petit peu plus calme qu'en début de nuit. J'ai malheureusement dû quitter Kigali parce que les journalistes français ont été expulsés. On est venu nous chercher hier soir [22 juin], avec des hommes armés qui nous ont embarqués dans deux voitures et qui nous ont reconduits disons manu militari dans une ville proche de la frontière où nous sommes ce matin. […] Ici on trouve l'intervention française délicate et un petit peu surréaliste parce que là où il y a de vrais combats les Français seront censés ne pas intervenir. Et là où il y a des massacres, malheureusement ils ont déjà eu lieu. Alors cette mission elle semble soit un petit peu tardive soit un petit peu incompréhensible. En tout cas, les gens du FPR sont très, très remontés en ce moment contre la France. […] Le FPR est une rébellion qui s'apparente à une armée. Ils sont très bien structurés. Ils sont surtout très disciplinés. Pour l'instant, du côté du FPR, nous n'avons pas la preuve de massacres comme nous avons la preuve de massacres de l'autre côté faits par les miliciens et l'armée gouvernementale. Le FPR, ses forces exactes nul ne les connaît puisqu'au fur et à mesure de leur avancée, ils enrôlent des gens sous leur bannière. À chaque fois qu'ils ont engagé une bataille contre les forces gouvernementales, ils l'ont soit gagnée soit bien stabilisée".
- Officiellement l'ONU approuve l'intervention française au Rwanda, officieusement les réserves ne manquent pas.
- La mission montée par la France au Rwanda devra être humanitaire, impartiale et ne pas excéder deux mois. Ainsi en a décidé le Conseil de sécurité. Et les militaires français, sénégalais et ceux des autres pays s'associant à l'opération pourront le cas échéant faire usage de la force armée. L'ONU a autorisé l'emploi de tous les moyens nécessaires en vue d'assurer la sécurité et la protection des personnes menacées par la guerre civile. Jean-Bernard Mérimée, représentant de la France au Conseil de sécurité : "Nos soldats au Rwanda n'auront pas pour mission de s'interposer entre les belligérants et encore moins d'influer de quelque manière que ce soit sur la situation militaire et politique. Notre objectif est simple : secourir les civils menacés, faire cesser les massacres, et cela de manière impartiale".
- Monsieur Boutros-Ghali a précisé que cette intervention permettrait à l'ONU de préparer l'envoi de 5 500 Casques bleus prévu pour réorganiser la force des Nations unies au Rwanda, actuellement paralysée à Kigali. Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de l'ONU : "Je voudrais exprimer ma gratitude au gouvernement français pour cette initiative extrêmement courageuse, cette initiative humanitaire".
- De son côté le représentant du Front patriotique rwandais a dénoncé une nouvelle fois l'action de la France, une "invasion" a-t-il affirmé, et "qui sera combattue par tous les moyens dont nous disposons".
- Le feu vert de l'ONU a été acquis par une assez faible marge, 10 voix sur 15, avec l'abstention de la Chine et de ceux qui redoutent que l'intervention française sonne le glas des espoirs des Nations unies au Rwanda. Mais pour la majorité des membres du Conseil de sécurité, attendre davantage sans rien tenter de faire devenait tout simplement impossible.
- Ils seront les premiers ce matin à franchir la frontière rwandaise, 600 soldats français. Nom de code : opération Turquoise. Leur première mission : venir en aide à quelque 8 000 Tutsi menacés actuellement par les milices gouvernementales hutu.
- À partir de la base zaïroise de Bukavu, ils pénètreront au Rwanda, direction Cyangugu, à quelques kilomètres de là au sud-ouest du pays. Progressivement au cours des jours qui viennent l'opération se développera selon le même schéma. Le contingent français atteindra alors 2 500 hommes, 1 000 viendront de la métropole.
- Le commandement de l'opération Turquoise a été confié au général Jean-Claude Lafourcade. Il disposera de 500 véhicules, d'avions-cargos et d'hélicoptères afin de conduire des missions logistiques ponctuelles aussi réduites que possibles.
- Edouard Balladur a souligné hier [22 juin] à l'Assemblée le but strictement humanitaire de cette opération. Le ministre de la Défense aussi. François Léotard : "En aucune manière nous n'avons l'intention ni l'objectif de nous interposer dans la guerre elle-même ! C'est-à-dire pour prendre parti pour l'une ou l'autre des deux parties. Donc il faut que ça soit très clair ! Et je vois pas qui aujourd'hui peut nous reprocher, au nom d'une communauté internationale souvent défaillante, de faire en sorte qu'on sauve un enfant !".
- L'opération Turquoise sera limitée dans le temps. Objectif : céder la place le plus vite possible, peut-être dès la fin du mois de juillet.