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Mise à jour :
5 août 2023 Anglais

Les troupes françaises ont découvert plusieurs fosses communes dans le Sud-Ouest du Rwanda, sans pouvoir déterminer à quelle ethnie appartenaient les victimes

Fiche Numéro 31875

Numéro
31875
Auteur
Masure, Bruno
Auteur
Bony, Jérôme
Auteur
Duquesne, Benoît
Auteur
Boussié, Laurent
Date
25 juin 1994
Amj
19940625
Heure
13:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 13 heures
Titre
Les troupes françaises ont découvert plusieurs fosses communes dans le Sud-Ouest du Rwanda, sans pouvoir déterminer à quelle ethnie appartenaient les victimes
Soustitre
La principale difficulté des Français, c'est de faire en sorte que les gens acceptent de dire s'ils sont Tutsi ou Hutu.
Taille
34597 octets
Nb. pages
5
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Résumé
- Jouant le rôle d'un salut militaire, pour reprendre le titre de Libération, les soldats français de l'opération Turquoise ont poursuivi ce matin dans le Sud-Ouest du Rwanda leur mission de reconnaissance et d'évaluation des besoins humanitaires. Au total environ 200 hommes ont été engagés hier [24 juin] en territoire rwandais.
- Accueil plutôt chaleureux sur le terrain pour une opération Turquoise pourtant controversée avant son lancement. La mission des premiers parachutistes entrés hier [24 juin] au Rwanda est de sécuriser les populations tutsi en danger, dans cette partie ouest du pays contrôlée par les troupes gouvernementales.
- L'accueil est plus circonspect quand le convoi atteint son premier objectif : le camp de Nyarushishi où 8 000 réfugiés tutsi sont menacés chaque jour par des milices hutu favorables au pouvoir.
- Dans cette partie sud-ouest du Rwanda, les troupes françaises ont découvert plusieurs fosses communes, sans pouvoir déterminer à quelle ethnie appartenaient les victimes.
- Des patrouilles de reconnaissance et de surveillance sillonnent maintenant ces régions. 200 paras en tout qui par petits groupes sont chargés de repérer les secteurs où des civils ont besoin de leur protection.
- Un hélicoptère s'est rendu à Kibuye où se trouve une communauté religieuse et des orphelinats. Une quarantaine de soldats français ont également pénétré dans le Nord-Ouest du pays pour d'autres missions de reconnaissance.
- Au total ce sont environ 2 500 soldats français qui vont être engagés dans cette opération Turquoise, dont 1 500 étaient déjà prépositionnés sur le continent africain. Un millier d'autres étant acheminés de métropole. Tous ces hommes sont répartis sur deux bases arrières à la frontière du Zaïre.
- L'opération Turquoise est en route. Les Français ne veulent pas perdre de temps. Paris achemine hommes et matériels vers Bangui, la capitale du Centrafrique. Ce sont avions-cargos russes, des Antonov 125 qui assurent le transport. À Bangui, premières vérifications, premiers briefing autour des cartes d'état-major.
- Les soldats et leur équipement réembarquent ensuite à bord d'avions plus petits pour rejoindre au Zaïre les deux têtes de pont de l'opération Turquoise : Goma au nord, Bukavu plus au sud. Ces deux villes servent de base arrière pour les opérations de protection des réfugiés à l'intérieur du Rwanda.
- À l'heure actuelle, un millier de soldats français appartenant pour beaucoup à l'infanterie de marine et à la Légion étrangère sont répartis à Goma et à Bukavu. Pierre-Jean Segnier, "commandant" : "L'expérience des opérations humanitaires qui ont eu lieu dernièrement prouve qu'en fait, il faut pouvoir montrer suffisamment de force pour éviter justement de s'en servir et d'être obligé d'engager le combat".
- Au total 2 500 Français sont attendus dans cette région d'Afrique. Le Sénégal enverra 200 hommes. D'autres pays fourniront matériels et aide médicale.
- L'amiral Lanxade, chef d'état-major des armées, estime que jusqu'à présent les choses se déroulent de façon satisfaisante. Jacques Lanxade : "Ce que nous cherchons à faire c'est à juger de la situation, voir ce qui se passe, progressivement, dans cette cette zone. Et en même temps, par notre présence, d'essayer de calmer le jeu".
- Alors que les soldats préparent leurs missions de reconnaissance à l'intérieur du Rwanda, la logistique se met en place. Le quartier général des forces françaises est installé à Goma. Une unité militaire médicale est en train d'être montée plus au sud vers Bukavu.
- Benoît Duquesne : "Ce matin nous sommes à nouveau allés en territoire rwandais. L'ambiance est presque toujours aussi 'décontractée'. Mais il faut dire que les militaires ici ont ralenti le rythme de leurs opérations, en tout cas en ce qui concerne Bukavu, puisqu'ils attendent beaucoup de matériel médical pour monter un hôpital. Restent bien sûr des militaires, toujours en place en territoire rwandais et notamment au camp de Nyarushishi. Nous y sommes allés ce matin. Ils restent là pour sécuriser le camp. Mais leur principale difficulté c'est de faire en sorte que les langues se délient et que les gens acceptent de dire s'ils sont Tutsi ou Hutu et aussi s'il y a des personnes qui sont réfugiées dans des maisons et qui n'osent pas sortir de peur de se faire arrêter sur des barrages".
- Au centre du pays cette fois, la capitale Kigali a été de nouveau le théâtre ce matin d'affrontements sporadiques entre les forces gouvernementales et les combattants du Front patriotique rwandais. Laurent Boussié : "Malgré une situation un petit peu plus calme, malgré un cessez-le-feu patiemment négocié avec les belligérants, l'ONU n'a pas réussi ce matin à faire les évacuations sanitaires prévues. Et entre autres les 300 enfants orphelins réfugiés dans la paroisse Saint-Paul dont la sécurité côté gouvernemental est de plus en plus menacée. Il faut dire que depuis quatre jours maintenant il n'y a pas eu d'évacuations de blessés et donc la situation sanitaire et médicale devient dramatique. Alors c'est peut-être pour ça que, malgré les quelques obus qui sont tombés encore ce matin autour de l'hôpital de la Croix-Rouge, les responsables du CICR et les Nations unies ont quand même réussi à transférer 70 personnes vers l'hôpital King Faisal qui est un peu moins saturé que celui de la Croix-Rouge. La situation est un peu plus calme sur la capitale rwandaise mais il n'est évidemment pas question de détente. Comme d'habitude on peut penser que c'est plutôt un temps d'arrêt pendant lequel chacun des belligérants reprend des forces".