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Mise à jour :
29 janvier 2024 Anglais

Pour la première fois aujourd'hui une colonne de soldats français a été accrochée par des rebelles du Front patriotique

Fiche Numéro 33402

Numéro
33402
Auteur
Bilalian, Daniel
Auteur
Staes, Isabelle
Auteur
Duquesne, Benoît
Auteur
Normandin, Jean-Louis
Date
3 juillet 1994
Amj
19940703
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [7:59]
Titre
Pour la première fois aujourd'hui une colonne de soldats français a été accrochée par des rebelles du Front patriotique
Soustitre
Face à l'avance rapide de ces rebelles, la France propose la création d'une Zone de sécurité humanitaire dans le Sud-Ouest du pays.
Taille
35122718 octets
Source
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Les évènements s'accélèrent au Rwanda : pour la première fois aujourd'hui une colonne de soldats français a été accrochée par des rebelles du Front patriotique. Ils ont répondu. Il n'y a pas de victime du côté français. En revanche il pourrait y en avoir du côté des rebelles.
- Dans le même temps, face à l'avance rapide de ces rebelles, la France propose la création d'une Zone de sécurité humanitaire dans le Sud-Ouest du pays où seraient regroupés les milliers de réfugiés comme ces 600 orphelins qui ont été évacués de la ville de Butare aujourd'hui dimanche.
- Six Puma survolent les collines au sud du Rwanda. Les parachutistes français sont aux aguets car les rebelles du FPR y sont infiltrés. Direction Butare, la seconde ville du pays, menacée par l'arrivée imminente du Front patriotique.
- Opération d'urgence au diocèse de Butare. Dans la panique, tout ce que la ville compte de religieux, séminaristes, scouts, sont évacués. Au total, 300 personnes. 700 orphelins seront également évacués d'un camp, la MINUAR ayant négocié un cessez-le-feu jusqu'à 18 heures avec le FPR.
- À Butare c'est la confusion. La population fuit. Les rebelles, qui étaient hier [2 juillet] encore à trois kilomètres de la ville, ont poursuivi leur poussée. Cette fois ils sont là, à quelques centaines de mètres des militaires français. Colonel Didier Tauzin : "Quand nous sommes repartis, nous nous sommes faits tirer dessus par le FPR. Et nous avons riposté. Mais il y avait aussi des groupes du FPR au bord de la route qui sont restés calmes. Je pense, quand même, que quand ils ont vu notre armement, ils ont dû se dire qu'il valait mieux ne pas bouger".
- Sur la route de Butare les barrages sont désormais aux mains des rebelles. La ville est tombée, les troupes gouvernementales ont fui et les militaires français sont les derniers à partir.
- Ainsi donc aujourd'hui pour la première fois, depuis le déclenchement de l'opération Turquoise, des militaires français ont été accrochés lors de l'évacuation de ces orphelins de la ville de Butare. Benoît Duquesne : "Les circonstances sont relativement confuses. D'après le colonel Rosier, c'était au sortir de Butare, lorsque les Français qui étaient allés chercher ces orphelins ressortaient de la ville. Ils sont arrivés à un barrage tenu par le FPR. En principe les négociations se passaient bien à ce barrage. Il y avait des signes amicaux échangés d'ailleurs avec les militaires du Front patriotique. Et puis tout d'un coup des hommes qui se tenaient sur une position haute se sont mis à ouvrir le feu sur la colonne française. Il y a même une balle qui est arrivée à 20 centimètres de la portière d'un conducteur. Et à ce moment-là les Français se sentant directement menacés ont répliqué. On ne sait pas bien sûr s'ils ont fait des blessés parmi le FPR. Mais en tout cas chez eux il n'y en a pas eus. À 30 kilomètres environ de Butare se trouve la région de Gikongoro. Et dans toute cette région énormément de réfugiés circulent, environ 500 000, 250 000. Et c'est dans cette région-là que les Français voudraient installer une zone de sécurité. Or c'est l'axe de percée actuellement du Front patriotique. Et on se demande bien sûr, si on décide de protéger les camps, comment les militaires français pourraient ne pas être en situation de s'opposer militairement à la percée du du FPR".
- Cette zone de sécurité humanitaire que veut donc créer la France pour y accueillir tous les réfugiés fuyant les massacres et les combats est rendue d'autant plus nécessaire que les hommes du Front patriotique, forçant leur avance, poussent devant eux des dizaines de milliers de réfugiés qui errent sur les routes à la recherche d'un havre de paix même provisoire.
- On pourrait appeler ça la région des camps, le district de Gikongoro. Depuis longtemps les villages, les maisons ne suffisent plus pour absorber ce trop plein de réfugiés, ces déplacés comme on les appelle, chassés par la guerre et le front qui progresse, fuyant le FPR la peur au ventre et la faim pour bagage.
- C'est la migration d'un pays tout entier, de ces Hutu massacreurs devenus victimes de la guerre, à la recherche d'ONG trop rares. Ils seraient ainsi 250 000 à 500 000 ballotés de camp en camp au gré du mouvement du front et des attaques du Front patriotique.
- Benoît Duquesne interroge un réfugié : - "Il y a eu beaucoup de mal qui a été fait aux Tutsi ?". Le réfugié : - "Bah, il faut qu'on se pardonne entre nous". Un autre réfugié : "Quand le FPR attaque, généralement la première bombe est pour le camp des déplacés. Il y a surtout des gens qui fuient maintenant parce que les exactions, il n'y en a plus tellement. Des gens en ont marre maintenant de la guerre".
- Après Gikongoro c'est la forêt. Et après la forêt le lac Kivu et la frontière avec le Zaïre. Une migration mortelle que la Croix-Rouge accompagne, impuissante. L'arrivée annoncée des Français a bien redonné espoir mais depuis leur passage dans les camps, les gens s'interrogent : que sont-ils venus faire ? Comment peuvent-ils nous protéger s'ils ne stoppent pas l'avancée du FPR ?
- C'est donc dans le Sud-Ouest du Rwanda que le gouvernement français voudrait installer une zone de sécurité pour y accueillir tous ces réfugiés fuyant les combats. À Bruxelles les représentants du Front patriotique font déjà savoir qu'ils sont contre cette initiative française, que nous détaille pour la première fois le ministre des Affaires étrangères, Monsieur Alain Juppé : "Si nous ne voulons pas voir les combats nous amener petit à petit à nous retirer vers la frontière entre le Rwanda et le Zaïre, il faut, et c'est la proposition que nous avons faite, créer une Zone humanitaire sûre dans la partie sud-ouest du pays, plus précisément dans les districts de Cyangugu, Gikongoro et Kibuye, de façon dans cette zone à faire en sorte que les populations soient mises à l'abri de toute menace d'où qu'elle vienne. Et les forces franco-sénégalaises auront donc cette mission. Il ne s'agit pas pour nous de prendre parti d'un côté ou de l'autre. Et dans la Zone humanitaire sûre, nous protègerons les populations face à toutes les agressions d'où qu'elles viennent, de quel côté qu'elles viennent. De cela nous avons informé les différentes parties et je crois qu'on peut dire que, grâce à ce travail de contact qui est permanent et qui va continuer, les préventions initiales contre l'opération ont beaucoup diminué. Tout le monde a constaté ce que faisaient les soldats français et les soldats sénégalais. Que font-ils ? Sauver des populations, sauver des religieux, sauver des orphelins, sauver des réfugiés dans des camps. Qui peut s'opposer à un tel travail ? C'est la raison pour laquelle petit à petit les soutiens se manifestent".
Commentaire
Le JT de 20 heures de France 2 du 3 juillet 1994 est visible dans son intégralité ici : https://www.youtube.com/watch?v=HNX4I5qVV0A