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Mise à jour :
30 janvier 2024 Anglais

L'avance des troupes du FPR s'accélère et les soldats gouvernementaux sont bien isolés pour tenter une véritable résistance

Fiche Numéro 33401

Numéro
33401
Auteur
Bilalian, Daniel
Auteur
Boisserie, Philippe
Auteur
Duquesne, Benoît
Auteur
Normandin, Jean-Louis
Auteur
Rabine, Giles
Date
3 juillet 1994
Amj
19940703
Heure
13:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 13 heures [5:33]
Titre
L'avance des troupes du FPR s'accélère et les soldats gouvernementaux sont bien isolés pour tenter une véritable résistance
Soustitre
Le général Dallaire nous a révélé qu'il assurait depuis deux jours la liaison entre les forces françaises et le FPR.
Taille
29237832 octets
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Au Rwanda la France essaie de se dégager d'un piège qui pourrait se refermer sur ses troupes : il s'agit de constituer un cordon humanitaire protégeant les réfugiés des combats et des deux forces armées en présence.
- Le secrétaire général des Nations unies est d'accord. Reste à concrétiser cette intention. Et c'est urgent car les choses ont bien changé pour l'armée française en moins d'une semaine.
- Le 24 juin lorsque les militaires français sont entrés au Rwanda, ils ont eu l'heureuse surprise d'être accueillis comme des héros. C'était il y a 10 jours. Aujourd'hui les choses ont bien changé.
- L'implantation avant-hier, quasiment par la force, d'un camp de réfugiés tutsi éparpillé en pleine montagne a réveillé les tensions. Pour les militaires il ne s'agissait que d'accomplir leur mission humanitaire en protégeant des civils à bout de forces, objet de massacres quotidiens.
- Mais pour le gouvernement hutu qui contrôle la zone, c'est le premier signe concret que l'opération Turquoise pourrait entraver leur politique. Quelle sera leur réaction ? L'accueil chaleureux laissera-t-il la place à l'hostilité, voire à des actions de représailles ? Du côté des militaires français on a choisi d'afficher sa sérénité. Colonel Jacques Rosier : "On est venu protéger les gens menacés ou massacrés pour éviter que ça perdure. On fait notre travail. Je pense que les autorités gouvernementales ont d'autres chats à fouetter. Il y a quand même le front qui n'est pas loin".
- En effet la ligne de front avance à grand pas. Le Front patriotique rwandais est menaçant à l'Ouest mais aussi au sud. Butare, ancienne capitale du royaume tutsi, pourrait bientôt tomber. Une situation qui poserait alors un deuxième problème aux militaires français : pris entre deux feux, chacun des deux camps pourrait être tenté d'avoir recours à des provocations. Ce matin, sur l'aéroport de Bukavu, la tension était pour la première fois perceptible.
- L'avance des troupes du Front patriotique rwandais s'accélère et les soldats gouvernementaux sont bien isolés pour tenter une véritable résistance qui soit efficace.
- Bienvenue sur la colline de Sabyinyo, près de Nyabisindu, poste avancé des FAR, les Forces armées rwandaises. Ne vous y trompez pas : le Front patriotique n'est qu'à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau, un kilomètre tout au plus, sur la colline en face.
- Depuis trois semaines les forces gouvernementales occupent cette position et en trois semaines, la compagnie a perdu une cinquantaine d'hommes : 11 sont morts, les autres ont été blessés.
- Alors on se rassure comme on peut en disant que le FPR recrute des enfants à peine entraînés, qu'ils ont peur des forces gouvernementales et qu'ils pourront les balayer quand ils le voudront. On se rassure mais sans y croire vraiment, dans ce camp de fortune sans moyens, sans logistique, sans armement lourd, et on espère la fin des combats. Un soldat des FAR : "Nous, nous aimons la paix car nous savons la signification profonde de ce mot. Alors il faut qu'on arrête toute sorte de massacres afin que tout le peuple rwandais soit uni, soit une seule population au lieu de faire la ségrégation ethnique".
- Quand le commandant de la compagnie demande deux volontaires pour partir en éclaireur, personne ne se précipite. Il doit lui-même les désigner pour aller vers ce front qui jusqu'à présent n'a fait que reculer.
- À Kigali l'information court selon laquelle les troupes du Front patriotique auraient complètement encerclé la capitale rwandaise. Ce n'est peut-être pas aussi simple que cela.
- Giles Rabine : "Le patron des Casques bleus lui-même, le général canadien Roméo Dallaire, nous disait ce matin qu'il n'avait pas les moyens ni en hommes ni en moyens d'observation de confirmer ou d'infirmer l'encerclement de Kigali par les forces du FPR. L'impression que nous avons, nous, ici, c'est plutôt que, depuis quelques jours, aucun des deux camps n'a réussi à prendre un avantage décisif à Kigali, malgré les très violents combats que nous avons encore connus cette nuit et ce matin puisqu'un Casque bleu, un officier russe, a été blessé à Kigali. Le général Dallaire nous a révélé qu'il assurait depuis deux jours, après avoir vu le général Lafourcade, la liaison entre les forces françaises et le FPR. Cette liaison consiste à dire au FPR quelles opérations la France envisage, qui va où, pour faire quoi, avec quels engins, combiens d'hommes et pendant combien de temps. Ainsi, première application, les Français sont en ce moment en train d'évacuer les 600 enfants de l'orphelinat de Terre des hommes à Butare au sud-ouest du pays. Il y avait là un vrai risque de contact avec des combattants du FPR. Cette évacuation a reçu cette nuit le feu vert de l'état-major du FPR".