Page d'accueil
France Génocide Tutsi France Génocide Tutsi
Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

Edouard Balladur : « Notre opération est destinée à défendre tout le monde ! Nous ne venons pas prendre parti pour les uns contre les autres »

Fiche Numéro 32591

Numéro
32591
Auteur
Chabot, Arlette
Auteur
Duhamel, Alain
Date
27 juin 1994
Amj
19940627
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [5:20] [2/2]
Titre
Edouard Balladur : « Notre opération est destinée à défendre tout le monde ! Nous ne venons pas prendre parti pour les uns contre les autres »
Soustitre
Extrait de l'interview du Premier ministre Edouard Balladur diffusée en direct de l'hôtel de Matignon.
Taille
25659253 octets
Source
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
Edouard Balladur : "Pourquoi avons-nous décidé cette opération au Rwanda ? Parce que le monde entier et la France entière ont été émus et bouleversés par les images que nous avons vues. Et il nous a semblé que le gouvernement de la France ne pouvait pas rester indifférent ni immobile. Et qu'il fallait donc que la France, avec d'autres, mais que la France prenne l'initiative de le proposer à d'autres, que la France organise une opération internationale humanitaire. Cela étant, il fallait prendre des précautions pour ne pas être entraîné dans ce qui est une guerre civile intérieure au Rwanda. C'est pourquoi nous avons arrêté un certain nombre de principes, que j'ai d'ailleurs exposé à l'Assemblée nationale : nous sommes là pour une opération humanitaire et pour cela seulement. Nous sommes là pour un temps limité. Nous attendons des renforts d'autres nations. Et nous souhaitons que d'ici la fin du mois de juillet les Nations unies prennent notre relais. […] Il valait mieux prendre la décision d'intervenir que ne pas la prendre du tout. Évidemment on aurait pu le faire avant. Nous avions pris un certain nombre de contacts pour cela. Mais il nous est apparu finalement qu'il fallait que nous donnions l'exemple. Et c'est ce que nous avons fait. En même temps il fallait prendre des précautions pour éviter que nos soldats ne soient mis dans des positions dangereuses inutilement. Donc je le répète : il n'est pas question pour eux de participer aux combats intérieurs. Il n'est pas question pour eux d'être une force d'interposition. Ils sont là pour un but humanitaire limité dans le temps et pour cela seulement. Et j'espère que l'exemple qu'aura donné la France stimulera d'autres pays de par le monde et fera en sorte que le relais soit organisé rapidement. […] Si le FPR se trouve proche des troupes françaises, nous aviserons à ce moment-là. Je constate une chose : c'est que le FPR, qui était fort réticent pour ne pas dire plus devant l'opération française, a déclaré depuis 24 heures qu'il constatait que nous y étions pour un but humanitaire, pour un but humanitaire seulement, et que dans ces conditions il avait moins de réserves sur l'opération que nous menons. […] J'ai parlé de l'opération avec le président de la République il y a de cela une dizaine de jours et nous sommes convenus tous les deux qu'il y avait lieu d'intervenir. Et puis nous avons défini ensemble la mission de façon parfaitement précise pour ne pas être entraîné, et c'était mon souhait exprès, pour ne pas être entraîné plus loin qu'il ne le fallait. […] Je ne crois pas qu'on ait une part de responsabilité. D'ailleurs, l'une de nos premières interventions depuis 48 heures, ça a été justement d'aller au secours de populations tutsi ! Pour bien montrer que nous avions en vue une opération destinée à défendre tout le monde ! Nous ne venons pas prendre parti pour les uns contre les autres. […] Les choses sont claires et simples : la France se veut une puissance mondiale. C'est son ambition et c'est son honneur et je souhaite qu'elle conserve cette ambition. Et le premier champ de son intervention c'est l'Afrique où, de par une tradition qui est maintenant séculaire, elle a un rôle éminent à jouer. Spécialement l'Afrique francophone ! Donc parce qu'il s'agit de l'Afrique, parce qu'il s'agissait d'un pays francophone nous ne pouvions pas rester indifférent. Mais pour autant il faut définir et mener cette opération de telle sorte que nous ne soyons pas entraînés plus loin que nous ne le voulons".
Commentaire
L'interview est visible dans son intégralité ici : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab94066419/duplex-matignon-edouard-balladur