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Mise à jour :
5 janvier 2024 Anglais

Charles Pasqua : « Nous n'avons pas tellement de reproches à nous faire, c'est la communauté internationale qui doit se sentir coupable »

Fiche Numéro 31735

Numéro
31735
Auteur
Colombani, Jean-Marie
Auteur
Virieu, François-Henri (de)
Date
19 juin 1994
Amj
19940619
Titre
Charles Pasqua : « Nous n'avons pas tellement de reproches à nous faire, c'est la communauté internationale qui doit se sentir coupable »
Soustitre
Extrait de l'émission « L'Heure de vérité » diffusée sur France 2 le 19 juin 1994.
Taille
24634254 octets
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Émission télévisée (vidéo)
Langue
FR
Résumé
Charles Pasqua :"Je me garderais bien de porter un jugement sur l'origine des troubles et de cette situation épouvantable qui sévit actuellement au Rwanda. Je ne connais pas suffisamment les choses pour porter un jugement. Tout ce que je sais, c'est qu'effectivement des reproches sont adressés à la France et notamment par le front rebelle, patriotique. Mais j'ai également vu les réponses du président de la République. Alors que dit le président de la République ? Qui me paraît tenir des propos qui doivent être pris en considération. Le président de la République dit que c'est la France qui a été à l'origine des pourparlers entre les rebelles et le gouvernement du Rwanda pour arriver à un accord. Et malheureusement le Président du Rwanda et celui du Burundi ont été assassinés lors de leur arrivée au Rwanda, ce qui a entraîné les troubles que nous connaissons. Je ne crois pas qu'on puisse dire que la France avait pris position pour l'un ou pour l'autre. […] Je dois dire que j'ai été choqué, non pas par l'attitude de la France, mais par l'attitude de la communauté internationale : on assassine, on tue des dizaines de milliers de gens. On va chercher des enfants dans des orphelinats pour les massacrer et personne ne réagit. C'est à se demander à quoi sert l'ONU d'ailleurs si dans des cas pareils on n'est pas capable de mobiliser rapidement les forces nécessaires pour y mettre un terme ! Je crois que nous-mêmes nous aurions probablement dû prendre des initiatives plus tôt. Mais je rappelle que nous avons déjà participé à un certain nombre d'actions en Somalie, en Bosnie, etc., où nous avons été souvent à l'avant-garde des décisions de l'ONU ! Je crois donc que nous n'avons pas tellement de reproches à nous faire. Mais c'est la communauté internationale, dans son ensemble, qui dans cette affaire doit se sentir coupable. […] Je crois qu'en Afrique nous avons commis un certain nombre d'erreurs. Nous avons commis une première erreur, qui a été de vouloir exporter en Afrique notre type de société et notre type de démocratie. Et au nom de cela on a déstabilisé un certain nombre de pays africains. Il est normal que nous incitions l'Afrique à avancer dans la voie de la démocratie mais elle doit avancer à son pas. Faute de quoi on déstabilise, et rapidement, en Afrique. On le voit au Rwanda. On risque de le voir ailleurs ! On l'a vu au Congo ! Très rapidement on débouche sur des conflits ethniques. Pour ce qui est de la conception même de la coopération avec l'Afrique, je crois qu'effectivement, probablement devrions-nous avoir en Afrique une action davantage basée sur le partenariat et sur des accords précis que sur une aide financière et économique. […] Cela étant, nous ne pouvons pas nous désintéresser de l'Afrique. Et je crois au contraire qu'une politique de contrôle de l'immigration doit avoir deux volets : le volet contrôle des entrées et du séjour dans le pays, naturellement. Mais aussi le volet aide au développement. Et dans ce domaine, la France, pour être fidèle à sa mission, aurait dû depuis longtemps prendre la tête d'une véritable croisade en faveur de l'aide au développement ! Aujourd'hui les experts économiques mondiaux considèrent que si l'on investissait dans ces pays 1 % du PIB des sept grands pays industrialisés, le problème serait résolu. Et je crois que la France est aussi le trait d'union entre l'Europe du Nord, l'Europe du Sud et l'Afrique ! Nous pouvons pas nous désintéresser de cela".